Par
le Grand Manitou
Chanson
de langue française – Par le Grand Manitou – Marco Valdo M.I. –
2015
Par le Grand Manitou,
Fanatiques
de tous les pays,
Calmez-vous !
Pourquoi
ce Grand Manitou ?, demande Lucien l'âne en inclinant la tête
du bon côté.
Oh,
Lucien l'âne mon ami, car il y avait dans ma jeunesse, une
ritournelle – d'où venait-elle ? - qui précisément disait :
« Par le Grand Manitou ». Et ces ritournelles sont
souvent un bon départ pour une parodie ; alors la tête
s'emballe, la ritournelle tourne, tourne, peuple le moindre silence
et l'oreille n'entend plus qu'elle.
Moi,
je m'en souviens bien aussi et je peux même te dire que cette
ritournelle n'était pas anonyme. C'était une chanson-scie du
dénommé Jim Larriaga et chantée par le
dénommé Carlos
qui en fit un vrai tube. Comme disait Boris Vian, qui avait le
premier usé de ce terme à cet usage. Vian
précisait : un tube, c'est creux, c'est plein de vide. Pour en
revenir à ta ritournelle, la chanson creuse s'intitulait : « Y
a des Indiens partout ». C'était vers 1970.
Mais
évidemment, Lucien l'âne mon ami, cette solennelle sonnerie, qui
n'avait d'autre prétention que de se vendre aux radios, aux télés,
aux entreprises de spectacle, en concert et sous forme de disque, ce
parfait produit de l'industrie médiatique vaut le détour. Allons-y.
Et je te la détourne aux fins de dire la rage qui me tient contre ce
monde où le meurtre individuel ou collectif tient la vedette, où
l'on assassine à qui mieux mieux : à la main, au pied, à
l'oreiller, au couteau, à la hache, au poison, au fusil, à la
mitraillette, au canon, à la bombe, à la fusée… et j'en passe.
Et le pire, c'est qu'on ne peut même pas espérer qu'en tuant les
tueurs, on réglera le problème. Ou alors, il faut les tuer tous, y
compris nous-mêmes, dès lors.
Tu
proposes un homicide collectif… Ce serait, en effet, une solution.
Mais je te signale que statistiquement, chaque fois qu'on en tue
beaucoup – disons pour les dernières grandes opérations : on
en avait tué quelques dizaines de millions. La dernière grande,
disons très grande, c'était dans les années 1940. Quarante ou
cinquante millions de morts – on va pas chicaner. La population
humaine globale à l'époque tournait autour du double milliard –
deux milliards trois cent millions. Et à présent ?
Aujourd'hui, on va doucement vers les neuf milliards. Alors, si on
veut y mettre fin, les mettre hors jeu tous ensemble, il y aura du
boulot… Et en plus, il faudra faire vite et tout, vraiment tout
éradiquer. Sinon, ça repartira de plus belle. Mais évidemment,
c'est impossible… En fait, c'était juste façon de montrer que ce
n'est pas une solution praticable. Alors ?
Alors ?
Alors, Lucien l'âne mon ami, il nous faut tous – y compris les
cons et ce sera le plus difficile – tenter de faire enfin advenir
l'homme. Oh, pas un surhomme, pas un homme parfait… Mais enfin, un
homme, au sens générique, bien entendu. Un homme, une femme, peu
importe son genre, peu importent ses goûts, mais un homme, une femme
sans Dieu, sans prophète, sans religion… Bref, un être humain,
tout simplement. Un homme, une femme enfin libre. Un homme, une femme
qui diraient :
« On
vit on mange et puis on meurt
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements
Y en a marre ! » [[7794]]
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements
Y en a marre ! » [[7794]]
Moi
aussi, Y en a marre !, dit Lucien l'âne, comme tous les
animaux, nous en avons tous marre de ces crétins assassins et des
autres destructeurs de la planète… Que les humains s'entretuent,
passe encore. C'est con !, mais passe encore ; ça les
regarde. Mais leur connerie met le monde en danger et c'est aussi
notre monde. Et là, ça nous regarde aussi, oui, à nous, les ânes
ou n'importe lequel des êtres vivants de cette planète. Alors ?
Et bien Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons notre tâche, lente,
lourde, pensante, répétitive, mais qui me semble indispensable et
tissons le linceul pour nos amis – oui, aujourd'hui, certainement,
mais aussi celui de ce vieux monde con, rongé par les mythes, les
religions, les prophètes, les dieux, les Livres et autres
cuistreries et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Par
le Grand Manitou,
Fanatiques,
calmez-vous !
S'il
vous plaît de mourir,
Nous,
on préfère rire.
Par
le Grand Manitou,
Cette
Terre est peuplée de fous.
Dans
ce monde de cinglés,
On
est tous enfermés.
Par
le Grand Manitou,
On
se tue tout partout.
On
ne peut plus rigoler,
On
va se faire flinguer.
Par
le Grand Manitou,
Après
tout, on s'en fout.
Ils
peuvent bien tirailler,
On
va pas s'incliner.
Par
le Grand Manitou,
Ils
sont vraiment beaucoup.
Démons
déments dérangés
Il
faudrait les soigner.
Par
le Grand Manitou,
Fanatiques,
calmez-vous !
S'il
vous plaît de mourir,
Nous
on préfère rire.
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