J’AI
ENCORE LA FORCE
Version
française – J’AI ENCORE LA FORCE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson
italienne – Ho
ancora la forza – Francesco Guccini – 2000
Interprètes :
Francesco Guccini ; Luciano Ligabue
J’ai encore la force de marcher...
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Lucien
l’âne mon ami, comme tu le vois, cette chanson s’intitule :
« J’AI ENCORE LA FORCE ». Elle est de Francesco Guccini.
Quand
il l’a écrite, j’imagine qu’il devait se dire : « Je
voudrais par cette chanson, rassurer les amis.
Sans
doute ; mais, je vois à ton œil frétillant, que tu te dis que
je devrais avoir le même désir. Et après tout, pourquoi pas ?
Je serais en bonne compagnie avec rien moins que Guccini, Brassens,
Rutebeuf et Ferré. Le premier pour cette canzone-ci - en
italien, « Ho ancora la forza » (2000) ; le deuxième,
pour sa chanson « Le bulletin de santé » (1966) et le
troisième et le quatrième, ensemble, pour la complainte de
Rutebeuf, intitulée : Pauvre
Rutebeuf (1955). Au
passage, je signale que si Rutebeuf, dans ses Poèmes de l’Infortune,
se lamentait de la disparition de ses amis, il est mort lui-même
bien avant l’âge de la retraite.
Qu’a-t-elle
à voir avec les chansons contre la guerre cette canzone ? Je ne
pense pas que Guccini ait fait une chanson pour tel un Tartarin, se
vanter d’avoir encore la force d’aller au combat.
Je
le vois mal faire cela, en effet, dit Marco Valdo M.I. en éclatant
de rire. Lucien l’âne mon ami, je te soupçonne très fort d’être
un pince-sans-rire et de te moquer ou de Guccini (ce qui ne serait
pas correct) ou de moi (ce qui peut être amusant).
Tu
as bien résumé la situation, Marco Valdo M.I., mon ami. Sache que
ça m’amuse beaucoup de plaisanter. Cependant, je n’ai du coup
par la réponse à ma question : « Qu’a-t-elle à voir,
etc ? » Si je te pose cette question, c’est pour
satisfaire aux exigences du site, même si – comme toi – je pense
que toute chanson, pour autant qu’elle soit bonne est une chanson
contre la guerre, spécialement si elle n’en parle pas. Et bien
évidemment, si je te le demande, c’est qu’en apparence, celle-ci
ne comporte pas d’expression directe qui se réfèrent à la
guerre.
Je
te ferai une réponse en deux temps. D’abord, figurent dans ces
Chansons contre la Guerre un tas de chansons qui – en apparence –
ne parlent pas de la guerre. Ensuite, tout dépend de la conception
qu’on a de la guerre. La Guerre de Cent Mille Ans dans laquelle
vivent toutes nos sociétés humaines est en œuvre aussi en dehors
de champs de bataille. Elle passe tout au travers de la société et
tout au travers du temps. Elle touche chacun en permanence. Et, vois
comme on se rapproche du thème de la chanson de Guccini, dans ce
continuel affrontement, elle écrase les êtres humains et il suffit
de faire un peu attention pour voir qu’une grande (très grande, la
plus grande) partie d’entre eux est sont « usés avant
l’âge ». Avant, les vieux avaient cinquante-cinq –
soixante ans ; ils se tenaient comme les vieux de Brel.
Maintenant que les vieux vieillissent plus tard, ce n’est plus la
même chanson. Il suffit de réfléchir un instant à la manière
dont on essaye de retarder l’âge de la retraite, car – dit-on –
les pensionnés (ceux qui survivent) vivent trop longtemps sans
travailler. En clair, sans être encore « taillables et
corvéables ».
Mais
c’est dans l’air du temps : les vieux survivants coûtent
trop cher ; en clair, ils mettent à mal les caisses de pensions
publiques (qu’il faudra – horreur ! – combler par l’impôt)
et celles des sociétés d’assurances complémentaires, dont ces
folles dépenses rabotent les profits.
Je
ne peux m’empêcher de penser que quand on avait fixé l’âge de
la retraite à (par exemple) 65 ans, on comptait bien que les
retraités (la plupart) ne dépasseraient pas cet âge de beaucoup.
Mauvais calcul ; surtout que cela ne va pas s’arranger ;
c’est le triomphe de la médecine. Les vieux se portent mieux et
comme Guccini, nombre d’entre eux disent : « J’AI
ENCORE LA FORCE DE VIVRE ». Donc, maintenant qu’une part
d’entre eux se portent mieux, on (les riches, les puissants et leur
basse-cour) veut retarder l’échéance de la libération du
travail. C’est ce combat caché que révèle la chanson de
Francesco Guccini.
J’ai
cependant la nette impression que ce n’est pas le cas de tous.
En
fait, pour la plupart des gens – surtout les plus pauvres, même
s’ils survivent, cette force-là, ils ne l’ont plus. On peut, on
doit considérer cette chanson de Guccini comme celle d’un
survivant qui aurait échappé au naufrage ou qui serait revenu
vivant de la guerre ; un Chveik en pleine forme et qui chante sa
fortune.
Je
t’interromps, car tu te lances et on ne sait jamais où tu vas
t'arrêter et il nous faut reprendre ici notre tâche et tisser le
linceul de ce vieux monde cachottier, lamentable, menteur, tricheur
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I.
J’ai
encore la force de marcher,
De
réagir pour ne pas me laisser aller.
J’ai
encore cette force qui donne confiance
Quand
on dit : « On commence ! »
J’ai
encore la force de regarder alentour
Mêlant
mes mots à deux paquets par jour,
D’aller
là où on m’attend,
Toujours
plein d’allant.
J’habite
toujours chez moi
Dans
cette rue qu’on ne reconnaît pas
Et
je suis allé par le monde
Et
du monde, je suis revenu vif encore.
J’ai
encore la force d’être là racontant
Mes
histoires de toujours et mes amours
Et
mes erreurs que jour après jour
Pour
d’étranges raisons, je vais répétant.
J’ai
encore la force de ne pas me planquer,
De
choisir ma vie en savourant chaque pas,
De
compter les amis disparus et de marmonner
« Nous
nous reverrons… », à part moi.
J’ai
encore la force de choisir mes paroles
Par
jeu, pour le goût de m’épancher
Car,
que cela plaise ou non, il s’est trouvé
Que
c’est ce que je sais faire.
J’habite
toujours chez moi
Dans cette rue qu’on ne reconnaît pas
Et je suis allé par le monde
Et du monde, je suis revenu vif encore.
Dans cette rue qu’on ne reconnaît pas
Et je suis allé par le monde
Et du monde, je suis revenu vif encore.
Et j'ai encore la force de demander pardon
Ou, la conscience offensée, d'encore fulminer
De vous dire ma partie de toute façonJe peux vous l'assurer…
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