Le
Bulletin De Santé
Chanson
française
– Le Bulletin De Santé – Georges
Brassens – 1966
Ne dites pas: "C’est tonton Georges qui expire" |
L’autre jour, mon cher Lucien l’âne, mon ami, j’avais proposé une chanson de Francesco Guccini, une chanson qui curieusement était absente du site des Chansons contre la Guerre… Enfin quand je dis curieusement, nous nous comprenons. Ça n’a rien d’étrange, car il y a beaucoup plus de chansons qui ne sont pas dans ce site que le contraire. Et puis, bien que ce site soit très mondial, il n’en est pas pour autant une multinationale et c’est déjà « extraordinaire » (au sans premier du terme : qui sort de l’ordinaire) qu’un tel site existe et perdure ; et encore plus quand on sait qu’il est fait par des bénévoles et qu’il est le fait d’une petite équipe héroïque, essentiellement italienne.
J’opine,
dit Lucien l’âne en riant. J’opine complètement, car moi aussi,
je suis très admiratif de ce qui est fait par l’ « Antiwarsongs
staff ». Et comme la chanson s’intitule « Le Bulletin
de Santé », j’en profite pour dire qu’il me semble en tant
qu’âne que le site se porte bien. Ce qui me réjouit hautement.
Je
reprends à partir de la canzone de Francesco Guccini qui disait :
« J’ai encore la force », mais en italien : « Ho
ancora la forza » [[51228]].
Dans notre dialogue quasi-socratique, façon de parler, j’avais
évoqué cette chanson de Tonton Georges. Parenthèse : c’est
dans cette chanson-ci qu’il (Georges Brassens) se désigne lui-même
par cette locution : « Tonton Georges ».
Je cite le quatrain :
« Et
si vous entendez sourdre, à travers les plinthes
Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
Ne dites pas : « C’est tonton Georges qui expire »,
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent. »
Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
Ne dites pas : « C’est tonton Georges qui expire »,
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent. »
À
elle seule, cette citation valait d’insérer la chanson. Et tant
qu’on y est, outre tout ce qui fut dit à propos de celle de
Guccini, raisons sur lesquelles on peut revenir, n’aurais-tu pas
une bonne raison pour justifier la présence de cette chanson dans
les Chansons contre la Guerre ?
Eh
bien, si. J’en ai une et elle figure dans le texte de la chanson
elle-même.
« Et
si vous entendez crier comme en quatorze :
« Debout ! Debout les morts ! », ne bombez pas le torse,
C’est l’épouse exaltée d’un rédacteur en chef
Qui m’incite à monter à l’assaut derechef. »
« Debout ! Debout les morts ! », ne bombez pas le torse,
C’est l’épouse exaltée d’un rédacteur en chef
Qui m’incite à monter à l’assaut derechef. »
Voici
donc un passage où il est nettement question de guerre et de la
façon qu’ont les « bonobos » d’en sortir.
D’accord,
dit l’âne Lucien en se trémoussant de rire. Fameuse manière que
celle des bonobos de mettre fin aux conflits. D’ailleurs, elle est
souvent utilisée dans les ménages ; et même, chez les ânes
et les ânesses, je l’admets. Cependant, je ris, car j’ai soudain
la vision d’une partouze mondiale pour mettre fin à la guerre. Il
faudrait qu’on se dépêche, car comme ce sera déjà bien
compliqué à sept milliards, que sera-ce demain, à neuf milliards ?
Je n’ose imaginer plus tard encore au temps du « only stand
up » imaginé par un démographe statisticien. Et si en plus,
on crie « Debout ! Debout les morts ! ». Ah,
vous les humains, vous me faites bien rire.
Tu
ris, tu ris, mais c’est ce qui est prévu lors du Jugement Dernier…
Tout le monde est réveillé. Imagine le mari assassin se retrouvant
en présence de sa femme et de sa maîtresse ou de ses femmes et de
ses maîtresses. Fameux jugement en perspective. Allons, Lucien
l’âne, pense un instant à Ménélas retrouvant Hélène et Pâris
ou à Henry VIII, ses épouses avec ou sans tête…
Et
ce pauvre Landru… Comment s’en sortira-t-il, ce vieux séducteur
tout feu tout flamme ? Mais tout ça, nous éloigne de la
chanson. Que raconte-t-elle vraiment ?
Oh,
l’affaire est simple. La presse (en 1965, par là) avait remarqué
que Tonton Georges avait subitement maigri et avait lancé la rumeur
qu’il souffrait d’un mal incurable qui devait l’emporter
rapidement. Il le rejoindra, mais quinze ans plus tard. Et Tonton
Georges de répliquer par cette chanson. Sur un mode où l’acide
ironique coule à gros bouillons et tant qu’à prouver sa santé
autant le faire avec virilité – dérision de la dérision. Pour le
reste, comprenne qui pourra.
On
y pourvoira, dit Lucien l’âne en balançant des épaules. En
attendant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde cancanier, malveillant, rancunier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
J’ai
perdu mes bajoues, j’ai perdu ma bedaine,
Et, ce, d’une façon si nette, si soudaine,
Qu’on me suppose un mal qui ne pardonne pas,
Qui se rit d’Esculape et le laisse baba.
Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette,
Durant les moments creux dans certaines gazettes,
Systématiquement, les nécrologues jouent
À me mettre au linceul sous des feuilles de chou.
Or, lassé de servir de tête de massacre,
Des contes à mourir debout qu’on me consacre,
Moi qui me porte bien, qui respire la santé,
Je m’avance et je crie toute la vérité.
Toute la vérité, messieurs, je vous la livre :
Si j’ai quitté les rangs des plus de deux cents livres,
C’est la faute à Mimi, à Lisette, à Ninon,
Et bien d’autres, je n’ai pas la mémoire des noms.
Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C’est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
Qu’on me comprenne bien, j’ai l’âme du satyre
Et son comportement, mais ça ne veut point dire
Que j’en ai le talent, le génie, loin s’en faut !
Pas une seule encore ne m’a crié « bravo ! »
Entre autres fines fleurs, je compte, sur ma liste
Rose, un bon nombre de femmes de journalistes
Qui, me pensant fichu, mettent toute leur foi
À me donner du bonheur une dernière fois.
C’est beau, c’est généreux, c’est grand, c’est magnifique !
Et, dans les positions les plus pornographiques,
Je leur rends les honneurs à fesses rabattues
Sur des tas de bouillons, des paquets d’invendus.
Et voilà ce qui fait que, quand vos légitimes
Montrent leurs fesses au peuple ainsi qu’à vos intimes,
On peut souvent y lire, imprimés à l’envers,
Les échos, les petits potins, les faits divers.
Et si vous entendez sourdre, à travers les plinthes
Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
Ne dites pas: "C’est tonton Georges qui expire",
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent.
Et si vous entendez crier comme en quatorze:
« Debout ! Debout les morts ! », ne bombez pas le torse,
C’est l’épouse exaltée d’un rédacteur en chef
Qui m’incite à monter à l’assaut derechef.
Certes, il m’arrive bien, revers de la médaille,
De laisser quelquefois des plumes à la bataille…
Hippocrate dit: « Oui, c’est des crêtes de coq »,
Et Gallien répond « Non, c’est des gonocoques… »
Tous les deux ont raison. Vénus parfois vous donne
De méchants coups de pied qu’un bon chrétien pardonne,
Car, s’ils causent du tort aux attributs virils,
Ils mettent rarement l’existence en péril.
Eh bien, oui, j’ai tout ça, rançon de mes fredaines.
La barque pour Cythère est mise en quarantaine.
Mais je n’ai pas encore, non, non, non, trois fois non,
Ce mal mystérieux dont on cache le nom.
Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C’est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
Et, ce, d’une façon si nette, si soudaine,
Qu’on me suppose un mal qui ne pardonne pas,
Qui se rit d’Esculape et le laisse baba.
Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette,
Durant les moments creux dans certaines gazettes,
Systématiquement, les nécrologues jouent
À me mettre au linceul sous des feuilles de chou.
Or, lassé de servir de tête de massacre,
Des contes à mourir debout qu’on me consacre,
Moi qui me porte bien, qui respire la santé,
Je m’avance et je crie toute la vérité.
Toute la vérité, messieurs, je vous la livre :
Si j’ai quitté les rangs des plus de deux cents livres,
C’est la faute à Mimi, à Lisette, à Ninon,
Et bien d’autres, je n’ai pas la mémoire des noms.
Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C’est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
Qu’on me comprenne bien, j’ai l’âme du satyre
Et son comportement, mais ça ne veut point dire
Que j’en ai le talent, le génie, loin s’en faut !
Pas une seule encore ne m’a crié « bravo ! »
Entre autres fines fleurs, je compte, sur ma liste
Rose, un bon nombre de femmes de journalistes
Qui, me pensant fichu, mettent toute leur foi
À me donner du bonheur une dernière fois.
C’est beau, c’est généreux, c’est grand, c’est magnifique !
Et, dans les positions les plus pornographiques,
Je leur rends les honneurs à fesses rabattues
Sur des tas de bouillons, des paquets d’invendus.
Et voilà ce qui fait que, quand vos légitimes
Montrent leurs fesses au peuple ainsi qu’à vos intimes,
On peut souvent y lire, imprimés à l’envers,
Les échos, les petits potins, les faits divers.
Et si vous entendez sourdre, à travers les plinthes
Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
Ne dites pas: "C’est tonton Georges qui expire",
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent.
Et si vous entendez crier comme en quatorze:
« Debout ! Debout les morts ! », ne bombez pas le torse,
C’est l’épouse exaltée d’un rédacteur en chef
Qui m’incite à monter à l’assaut derechef.
Certes, il m’arrive bien, revers de la médaille,
De laisser quelquefois des plumes à la bataille…
Hippocrate dit: « Oui, c’est des crêtes de coq »,
Et Gallien répond « Non, c’est des gonocoques… »
Tous les deux ont raison. Vénus parfois vous donne
De méchants coups de pied qu’un bon chrétien pardonne,
Car, s’ils causent du tort aux attributs virils,
Ils mettent rarement l’existence en péril.
Eh bien, oui, j’ai tout ça, rançon de mes fredaines.
La barque pour Cythère est mise en quarantaine.
Mais je n’ai pas encore, non, non, non, trois fois non,
Ce mal mystérieux dont on cache le nom.
Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C’est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !