La Marseillaise
Chanson
française – Claude
Joseph Rouget
de Lisle – 1792
« noï non siamo cristiani, siamo somari », il n'y a pas l'ombre d'une hésitation : Primum vivere. |
Version
Jean Yanne : https://www.youtube.com/watch?v=h9Oh6uDTr4M
Version
Marthe Chenal 1915 : https://www.youtube.com/watch?v=pks2kV6EjG0
Version
« La vie en rose » :
http://www.youtube.com/watch?v=EIzzugI7Tdo
Version
Roberto Alagna : http://www.youtube.com/watch?v=fqZ4GQ5ZPME
Version
Edith Piaf : http://www.youtube.com/watch?v=lu3eSNi__4w
Version
chantée par Mireille
Mathieu : https://www.youtube.com/watch?v=SIxOl1EraXA
Histoire
de la Marseillaise : http://www.youtube.com/watch?v=H9UIIlutkxg
Version Django Reinhardt : http://www.youtube.com/watch?v=QyjJ3ThpRkA
Version
Groupe Oberkampf : 1984 :
http://www.youtube.com/watch?v=i1ORXrQ6r9k
Version
Marseillaise
Greame Allwright : http://www.youtube.com/watch?v=OPMWD29OyVg
Version
Catherine
Ribeiro : http://www.youtube.com/watch?v=sb98k32vlzo
Version
Casablanca : http://www.youtube.com/watch?v=KTsg9i6lvqU
S'il
y
a bien une chanson contre la guerre, Lucien l'âne mon ami, c'est la
Marseillaise et je suis fort étonné de ne pas la trouver ici dans
la page d'accueil, juste à côté de L'Internationale.
Avec toutes ses traductions. Non seulement, c'est une chanson contre
la guerre et les envahisseurs, mais c'est aussi, un chant revendiqué
par les révolutionnaires de tous pays. Wiki
remarque d'ailleurs ceci : « La
Marseillaise a été traduite dans pratiquement toutes les langues du
monde, comme chant révolutionnaire et de résistance, notamment dans
les camps de concentration nazis. » Elle joue
d'ailleurs encore aujourd'hui un rôle très important dans la
mémoire de la Révolution française et dans celle
des droits de l'homme
qui y furent conquis et instaurés. Il suffit d'écouter une fois
cette Marseillaise pour comprendre qu'elle prend aux tripes
populaires et qu'elle exalte en réalité – dans son langage de
1792
– le triptyque
essentiel : Liberté-Égalité-Fraternité, que les paysans et
les ouvriers de la France d'alors ont imposé au fronton de tous les
bâtiments publics de France et
comme devise de la République, même si cela ne plaît pas aux
riches et aux puissants.
Et
s'il n’en restait que cela : la Marseillaise et ces principes,
ce serait encore grandiose, dit Lucien l'âne en relevant le front.
Je
rappelle – à toutes fins utiles – que je ne suis pas Français,
dit Marco Valdo M.I. ; ça a une certaine importance, comme tu
vas le voir. Cependant, le français est ma langue, c'est dans
cette langue que vit ma culture et donc cette Marseillaise n'est pas
pour moi un hymne officiel d'une République à présent abâtardie.
Pour moi, la Marseillaise est cette chanson qui a bouleversé bien
des peuples, qui a nourri l'imaginaire de bien des révoltés… et
qui le fera encore.
Je
pense que tu as raison et l'Internationale a connu le même destin ;
elle fut ramenée
de chant révolutionnaire français
à hymne national soviétique. Et
révolution pour révolution : un destin aussi trahi est advenu
à la Révolution russe qui fut capturée, violée, bafouée,
maquillée, phagocytée vampirisée, et in fine, revendue à perte
par les tsars particratiques qui se sont succédés
jusqu'aujourd'hui. Tout
ça
n'empêche pas l’Internationale d'être
encore aujourd'hui un chant qui
a sa place dans la Guerre
de Cent Mille Ans et d'être revendiquée comme tel par
les révoltés … Un destin similaire a touché la révolution
mexicaine, les chemises rouges de Garibaldi…
En
effet, Lucien l'âne mon ami, et il en va de même de la
Marseillaise. On a beau vouloir en faire un hymne officiel pour
l'anesthésier, elle reste ce qu'elle est : un magnifique appel
à l'autodéfense populaire. Et puis, un peu de réflexion amène à
voir que la Marseillaise – d'abord Chant des volontaires de l'Armée
du Rhin – n'est pas un chant de militaires, elle n'a rien de
pompeux ou de guindé ; et certainement, rien de soumis à une
autorité. C'est un chant de gens du peuple, de paysans, d'artisans,
d'ouvriers partis volontairement à la guerre pour défendre leur
république, pour défendre le peu de dignité et de liberté qu'ils
venaient de conquérir, choses que les puissants et les riches
détestaient au plus haut point. Il s'agissait tout simplement de
résister à un étranglement, à une lapidation, à une croisade.
Qu'ils se soient ensuite fait avoir, qu'ils aient été roulés dans
la farine, qu'ils aient été trahis, qu'ils se soient fait enfermer
à nouveau dans les lois des puissants, tout cela ne remet pas en
cause le caractère libératoire de leur combat et de leur chant.
Si
je t'ai bien compris, reprend Lucien l'âne, dans cette Marseillaise,
il s'agit d'autodéfense et de résistance – Ora
e sempre, Resistenza !
Exactement
et ce n'est donc pas parce que les riches et les nantis l'ont mise
dans une cage dorée d'hymne national que la Marseillaise devrait
leur être abandonnée. Il nous revient à notre tour de prendre sa
défense et de lui rendre sa place parmi les chansons de résistance
et de révolte. C'est d'ailleurs un hymne national assez étrange, si
on le compare à ceux de ses principaux voisins, cette Marseillaise
fait décidément mauvais genre, elle vous a un parfum
révolutionnaire, elle sent la canaille.
C'est
vrai, dit Lucien l'âne, elle au moins, elle ne fait pas l'apologie
des rois et des puissants, elle ne veut pas avec l'aide de Dieu
sauver le roi ou la reine (God save the King, the Queen...), elle ne
prétend pas dominer le monde ou l'océan (Rule, Britannia!), elle
n'entend pas être « au-dessus de tout et de tous dans le
monde » (Deutschland über alles in der Welt), c'était le rêve
d'Otto ; en fait, il s'agit d'une partie de l'hymne allemand qui
heureusement n'est plus officiellement d'actualité ; mais qui
le fut très longtemps et à présent encore, il y a des
nostalgiques. Il y a donc une aberration dans les Chansons contre la
Guerre à ne pas donner sa place à la Marseillaise… À l'égal de
l'Internationale, dont elle est d'ailleurs la source d'inspiration.
Parfois,
dit Marco Valdo M.I., certains hypocrites s'insurgent contre son
caractère sanguinaire et ce « sang impur abreuve nos sillons »
les chatouille… Mais ce « sang impur » n'abreuverait
jamais les sillons, s'il n'était venu jusque là avec des intentions
criminelles. ce sang impur, impur car criminel, n'est rien d'autre
que celui des envahisseurs et des armées des monarques de toute
l'Europe, venus châtiés ces insolents gens du peuple. Si on veut
transposer l'expression en d'autres lieux et d'autres temps, par
exemple, ce sang impur rien d'autre et pour des raisons criminelles
analogues que celui des troupes félonnes de Franco en Espagne, des
SS de Kesselring en Italie, des miliciens de la République de Salò,
des troupes des colonisateurs en tous genres et de tous temps. Il
faut savoir parfois de quel côté on se place … Soit du côté des
tueurs, soit du côté des gens qui se défendent contre ces bandes
sanguinaires. Comme tu le vois, la Marseillaise, c'est le chant des
partisans, le chant des gens du peuple, des paysans contre les armées
professionnelles, contre les troupes mercenaires ou contre les
croisades… Toute l'Amérique latine voit, depuis longtemps, cet
affrontement entre les populations (généralement paysannes ;
ouvrières où il y a des ouvriers) et les armées « nationales »
au service de l'étranger. Pour
parler comme Ulenspiegel, la Marseillaise, c'est un chant des Gueux.
Il
me vient à l'idée, Marco Valdo M.I., que pour comprendre cela, il
suffit que l'on songe un instant à l'Asie et au Moyen-Orient…
Imagine que certains se mettent à chanter la Marseillaise en Arabie
Saoudite ou en Syrie, ou… les Kurdes, par exemple.
La
Marseillaise, c'est le chant de la Révolution française à ses
débuts. C'est la réponse des paysans et des ouvriers à l'agression
préparée, planifiée, organisée et déclenchée par les puissants
et les riches dans le but d'éradiquer ce mauvais exemple de
libération populaire. Il leur faut écraser cette hérésie
républicaine et sociale afin d'empêcher toute contagion. Car,
vois-tu Lucien l'âne mon ami, il faut replacer la Marseillaise dans
son cadre réel, c'est-à-dire la Guerre de Cent Mille Ans que les
riches et les puissants font aux pauvres afin de conserver leur
domination, de poursuivre l'exploitation, de faire croître leurs
richesses et de pérenniser leurs privilèges, de restaurer et de
maintenir l'ordre établi.
On
ne saurait mieux la décrire. Ainsi, la Marseillaise est un chant
pacifique. En fait, ce que les petites gens, la valetaille comme ils
disaient dans les cours, voulaient, c'est de pouvoir tout
tranquillement vivre leur vie. La question est centrale pour les
Chansons contre la Guerre : fallait-il vraiment que ces gens qui
avaient mis fin au servage, conquis leur dignité humaine – eux
qu'on considérait du haut comme des bêtes et souvent moins encore,
et qui souhaitaient simplement une société libre, égalitaire et
fraternelle, fallait-il qu'ils se laissent à nouveau
« domestiquer » ? Et ma réponse d'âne est tout
carrément : Non !
Évidemment,
quelle autre réponse peut-on honnêtement envisager ? La
Marseillaise, il faut voir ce qu'elle dit et surtout, à qui elle
dit. On ne saurait incriminer l'agressé – ici, les petites gens de
France afin de gommer la responsabilité de l'agresseur. Et
l'agresseur, le tueur, le massacreur, la bande d'assassins et de
prédateurs n'est pas celui chante la Marseillaise, ce sont ceux à
qui elle s'adresse. Il ne faut pas confondre les époques : au
moment où se conçoit la Marseillaise, la Révolution française
n'est pas encore infectée d'ambitions impériales. Cela ne viendra
que par la suite. Et pour comprendre la suite, Lucien l'âne mon ami,
il me semble qu'il convient de lire La Ferme des Animaux de George
Orwell. Il va se produire, ce qui s'est produit dans toutes les
révolutions jusqu'à aujourd'hui : les plus avides prendront le
pouvoir. Ceci jette un autre regard sur la révolution française et
la Marseillaise : la libération populaire va être congelée,
avalée, domestiquée, exploitée par la réaction des riches,
anciens et nouveaux, revenus ou parvenus. Après la grande marée, il
y eut le ressac terrible et trompeur. Oh, ce n'est pas la paix qu'il
amène, ce retour au calme. Bien au contraire, il impose l'écrasement
de tous les espoirs.
Et
le résultat pour les petites gens, comme
dit Boris Vian, on
vit comme ça jusqu'à la prochaine fois. Tout à
l’heure, on évoquait ici les Kurdes. Appliquons un instant à ce
cas contemporain et singulièrement, par exemple, aux femmes
de Kobané. Doivent-elles, elles qui vivaient
pacifiquement et qui ne souhaitaient que vivre tranquillement leur
vie quotidienne, doivent-elles au nom du pacifisme se laisser violer,
assassiner, esclavager par l'envahisseur ? Autrement
dit :
oui ou non, ont-elles le droit à l'autodéfense, c'est-à-dire à
faire ce que précisément propose la Marseillaise ? À mes yeux
d'âne, ma « noï non siamo cristiani, siamo somari », il
n'y a pas l'ombre d'une hésitation : Primum vivere.
Certains,
me dira-t-on, fuient et bien évidemment, c'est une excellente
solution quand on peut l'appliquer. Fuir,
là-bas fuir à condition qu'il y ait un refuge accessible quelque part et qu'on
en
ait
le temps et les moyens. On le voit bien avec les émigrants actuels
sur les routes de Turquie et d'Europe. Les paysans pauvres n'ont pas
pu fuir… Et puis, où donc auraient-ils pu fuir ces paysans de
France ? Chez leurs agresseurs ? Dans les bras de
l'envahisseur ? Là-bas où les riches et les nobles avaient
trouvé refuge et avaient constitué les armées qui venaient les
massacrer ? Il suffit de se mettre un instant dans pareille
situation pour crier aussi : « Aux armes, citoyens ! »
Je
le pense aussi, Lucien l'âne mon ami, il n'y a pas d'autre solution.
Cela dit, poursuivons. Comme tu le sais, on a rajouté deux couplets
aux 6 couples originels. Et pour percevoir le caractère particulier
de chant populaire de la Marseillaise, il suffit de voir combien ces
couplets rajoutés (les deux derniers et surtout le dernier, dit le
chant pour les enfants) sont faibles, d'un autre ton, patriotards et
hautement stupides. Eux ont une allure officielle et tentent de
dévier le sens vers ce pâté d'alouettes qu'est l'union nationale
autour des concepts d'Honneur, de Patrie et d'une France momifiée et
repliée sur elle-même et ses institutions. Regarde bien, Lucien
l'âne mon ami, ce glissement de sens et remarque que ce sont les
seuls couplets qui font appel à ces hochets… Il est d'ailleurs
question en hauts lieux de faire une Marseillaise émasculée,
châtrée, affadie ; neutre, en quelque sorte, plus présentable,
plus politiquement correcte, plus « soft », plus BCBG. En
fait, et c'est bien la preuve de son caractère populaire, ils ne
l'ont toujours pas digérée, cette chanson et sa révolution. Pour
le reste, les autres couplets, ils valent pour n'importe quel homme
dans le monde qui lutte pour sa libre dignité… d'où qu'il soit et
contre qui il lutte. En ce sens, elle est proche de l'Internationale,
car pour la Marseillaise aussi, il n'y a qu'une seule nation, une
seule Patrie (au sens premier, de lieu paternel) : la Terre sans
frontières.
Et
puis, je m'étonne d'ailleurs que tu n'aies pas présenté cet
argument, il y a déjà plein de Marseillaises dans les CCG… plein
d'autres, mais pas l'originale, celle qui leur a donnée vie à
toutes… Et comment savoir en quoi, pourquoi et comment ? Et
comment comprendre que des auteurs, des révoltés s'en inspirent, si
l'on ne connaît pas la Marseillaise d'origine, celle de Rouget de
Lisle ? Enfin, l'omission est réparée et nous pouvons
reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde plein
de frontières, d'envahisseurs, de paysans en révolte et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Allons
enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre
nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé,
L'étendard
sanglant est levé.
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces
féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger
vos fils, vos compagnes !
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Que
veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour
qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ?
Ces
fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah !
quel outrage !
Quels transports, il doit exciter !
C'est
nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Quoi !
des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi !
ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers !
Terrasseraient
nos fiers guerriers !
Grand Dieu ! par des mains
enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils
despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Tremblez,
tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez !
vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Vont
enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous
combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en
produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Français,
en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez
ces tristes victimes,
À regret s'armant contre nous.
À
regret s'armant contre nous.
Mais
ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous
ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Amour
sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté,
Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs !
Combats
avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux que la
victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis
expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
« Couplets
des enfants »
Nous
entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront
plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs
vertus
Et
la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que
de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De
les venger ou de les suivre
Aux armes, citoyens,
Formez vos
bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve
nos sillons !
Enfants, que l'Honneur, la Patrie
Fassent
l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
Des
feux qu'ils inspirent tous deux.
Des
feux qu'ils inspirent tous deux.
Soyons unis ! Tout est
possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français
cesseront
De chanter ce refrain terrible :
Aux
armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons,
marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé,
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports, il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers !
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix !
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
À regret s'armant contre nous.
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Enfants, que l'Honneur, la Patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
Des feux qu'ils inspirent tous deux.
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire