L'ÂME
SLAVE
Chanson
française – Boris Vian - 1954
Musique :
Jimmy
Walter
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Jimmy_Walter_%28musicien%29)
Diverses
interprétations :
Jacques Higelin : http://www.youtube.com/watch?v=tTfv8_2Kz0g
Carmen
Maria Vega :
http://www.dailymotion.com/video/xm8fhx_carmen-maria-vega-l-ame-slave-bnf-08-11-11_music
La
Quinte : https://www.youtube.com/watch?v=6mCJjtqdIho
ÂMES SLAVES |
Il
te souviendra que récemment, j'avais annoncé plusieurs chansons
surprises où il est question de l'âme. C'en est une et non des
moindres. Comme on le voit, elle s'intitule : L'Âme slave, tout
un programme, mais c'est aussi une chanson de résistance face à la
bêtise ambiante. Ce qui ne gâte rien : elle de Boris Vian.
Par parenthèse, Boris Vian mourra à la fin des années 50, au
cinéma d'un arrêt cardiaque. Il souffrait depuis l'enfance d'une
insuffisance cardiaque, due, je cite : « À douze ans, à
la suite d'une angine infectieuse, Boris souffre de rhumatismes
articulaires aigus, qui provoquent une insuffisance aortique... »
et comme tu le sais, c'est pareil pour moi… D'ailleurs, j'évite
les cinémas...
Rien
qu'à l'idée d'une chanson de Vian, on peut déjà être joyeux
comme
un boucher
de la Villette [[329]].
C'est en tous cas mon cas. Mais bien évidemment, je la connais et
depuis longtemps. Cependant,
je pense
bien qu'elle mérite deux ou trois explications. Tu devrais t'y
atteler.
En
effet, et je vais le faire illico. Tu sais, Lucien l'âne mon ami,
qu'il
y eut un temps où même ici en Europe dite de l'Ouest, il ne faisait
pas bon de ne pas hurler avec les loups du maccarthysme local.
C'était un moment d'Europe où le simple fait d'être pacifiste,
anti-nucléaire, contre l'OTAN… était très mal vu, très très
mal vu. Il y avait là Toute
une Histoire
[https://fr.wikipedia.org/wiki/Toute_une_histoire_%28roman%29], comme
l'illustrait Günter Grass dans un roman consacré à la
réunification des deux Allemagnes – ou plutôt à la
colonisation de l'ex-RDA par l'ex-RFA [[45026]], roman-clé quand
on veut comprendre la Guerre
de Cent Mille Ans [[7951]] que les riches font aux pauvres afin
de les exploiter plus encore et à cette histoire de mur
à deux côtés [[7911]]. Pour le reste ce qui a été fait aux
Ossies, expérimenté sur les Ossies, est en train d'être pratiqué
en Grèce et sera étendu en d'autres régions ultérieurement ;
d'ailleurs, c'est déjà en cours. Donc, REGARDEZ BIEN CE QU'ILS FONT
AUX GRECS, ILS VOUS LE FERONT DEMAIN !
Pour
en revenir à l'ambiance des années 50 et 60, Marco
Valdo M.I. mon ami, il
suffit actuellement de dénoncer les extensions de l'amibe allemande,
l'engluement progressif de toute l'Europe, la poursuite systématique
du grand rêve d'Otto, de
mettre en cause l'ottisme
[[50276]] pour
passer pour un mauvais sujet, un suspect et demain, que sais-je
encore ?
On
verra, mais il est de ces interties… Donc, c'est bien dans une
ambiance de suspicion, de racisme qu'il faut situer la création de
cette chanson. Il fallait quand même que Vian fût l'objet d'une
persécution rampante pour qu'il soit amené à écrire une pareille
chanson, bourrée d'acide comique et de sels d'ironie, qui dénonce
cette forme de racisme – comme s'il existait une âme slave, une
race slave ou germaine ou caucasienne ou juive, ou, ou, ou...
pourquoi pas noire ou jaune ou rouge… ? Ou comme chez Lucky
Luke, celle des Gros Nez qui s'opposerait à celle des Longues
Oreilles… Ou celle des cheveux roux, des blonds, des noirs, des
bruns, des chauves… Bref, il ne faisait pas bon de se prénommer
Boris ; ça vous cataloguait son homme en moins de deux. Quant à
Vian, francisation de l'italien Viana, on avait vite fait de le
croire Vianov, Vianowsky, Vianine, Vianeff… Que sais-je encore ?
Je
te propose : Vianek, Vianouk, Vianka, Vianorel,… Bref, à
l'époque, comme aujourd'hui, le
temps ne fait rien à l'affaire, quand on est raciste, on est raciste
[[44710]]. Une
étrange maladie, soit dit en passant. Maintenant, voyons la chanson
et reprenons notre tâche : tissons le linceul de ce vieux monde
raciste, stupide, anthropophobe et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
L'air
slave,
J'ai l'air slave.
Je suis né à Ville d'Avray.
Mes parents étaient bien français.
Ma mère s'appelait Jeanne et mon père Victor,
Mais je m'appelle Igor.
Mon prénom n'évoque
Pas le Languedoc ;
Plutôt moscovite,
Il est explicite.
Quand on m'imagine,
On voit un barine
Qui s'apprête à boire
À son samovar.
L'air slave,
J'ai l'air slave.
Et ça me poursuit depuis tellement longtemps
Que je suis devenu slave malgré moi et sans
M'en apercevoir.
L'âme slave,
J'ai l'âme slave.
Je n'ai jamais été plus loin que la barrière de Pantin.
Tout ce que j'ai de russe en moi, c'est le prénom,
Mais ça suffit bien !
A force d'entendre,
Tous les gens me prendre
Pour un Russe authentique,
J'en ai tous les tics.
Je vis de zakouskis,
Je bouffe des pirojkis,
Je bois de la vodka
Au milieu des repas.
L'âme slave,
J'ai l'âme slave.
Je suis tellement influencé par mon prénom
Qu'à toutes les fenêtres de la maison,
J'ai l'air slave.
Je suis né à Ville d'Avray.
Mes parents étaient bien français.
Ma mère s'appelait Jeanne et mon père Victor,
Mais je m'appelle Igor.
Mon prénom n'évoque
Pas le Languedoc ;
Plutôt moscovite,
Il est explicite.
Quand on m'imagine,
On voit un barine
Qui s'apprête à boire
À son samovar.
L'air slave,
J'ai l'air slave.
Et ça me poursuit depuis tellement longtemps
Que je suis devenu slave malgré moi et sans
M'en apercevoir.
L'âme slave,
J'ai l'âme slave.
Je n'ai jamais été plus loin que la barrière de Pantin.
Tout ce que j'ai de russe en moi, c'est le prénom,
Mais ça suffit bien !
A force d'entendre,
Tous les gens me prendre
Pour un Russe authentique,
J'en ai tous les tics.
Je vis de zakouskis,
Je bouffe des pirojkis,
Je bois de la vodka
Au milieu des repas.
L'âme slave,
J'ai l'âme slave.
Je suis tellement influencé par mon prénom
Qu'à toutes les fenêtres de la maison,
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