Chanson italienne – Chi fermerà la tonacca – Riccardo Scocciante – 2009
Si chrétiens, si croyants Qu'ils lyncheraient les mécréants |
Imprévisible
Riccardo Scocciante ! Ce soir, plutôt, cette nuit, il dégaina
finalement son romanesque (à dire vrai assez macaronique, mais
néanmoins louable par son intention) et il nous fournit sa vision
particulière de l'Itaglie d'aujourd'hui, pays d'autant plus pourri
et rempli de lyncheurs de quartier en puissance que la longa
et pelosa manus
(la longue main velue) d'une église catholique totalement engagée à
restaurer son pouvoir temporel s'étend sur tous les aspects de notre
vie quotidienne. Certes notre Scocciantello, pour parler de ces
graves et pressants sujets, aurait pu, bof, prendre un chant plus
adapté à une telle réélaboration : un beau grégorien, une
émouvante chanson de frère Giuseppe Cionfoli (le père Duval
italien), ou mieux encore l'indicatif de quelque connerie
fiction à base de prêtres et de policiers (les piliers de la
société !); au contraire, il a choisi la vieille mais encore
déchaînée chanson des Pooh, Qui arrêtera la musique. Allez
comprendre ! [CCG/AWS Staff]
La question ou l'affirmation (c'est pire!) de Riccardo Scocciante est tout à fait d'actualité : qui arrêtera la soutane et ses sbires et si l'atmosphère de l'Itaglie est (elle l'a souvent été, mais la maladie revient) saturée d'eau bénite, si les joyeux chrétiens retrouvent leurs réflexes moyen-âgeux et leurs goûts de bûchers, si le Big Brother du micro-Etat s'autogénère et se duplique en un César souriant des écrans (Sir Sourire, Mister Cheese...), si la soutane recommence à poursuivre les gens jusque dans leurs lits.... Alors, en effet, il vaut mieux s'en aller vivre sur la Cordillère.
Hier, dans nos pays, on criait « À bas la Calotte ! » et on avait raison. Aujourd'hui, il faudra crier « À bas la Soutane ! » et ce sera très bien. Cependant, prenons garde à ne pas aller trop loin car si hier, en faisant tomber la calotte, on découvrait des crânes chenus; aujourd'hui, en faisant tomber la soutane, on découvrira de tristes culs !
Heureusement, certains et Riccardo Scocciante doit en être, partagent avec Marco Valdo M.I. un solide penchant pour la liberté (et notamment celle de conscience) et de ce fait entendent : NE JAMAIS SE SOUMETTRE.
Ainsi
Parlait Marco
Valdo M.I.
À présent, on sanctifie
Et à la place de l'atmosphère
On installe le distributeur d'eau bénite.
Que de morale, encore ce soir
dispensée à coups d'arrosoirs
Par ceux qui applaudissent les supersoniques
Qui bombardent en musique.
Joyeux printemps
À ce pays de braaaves gens
Si chrétiens, si croyants
Qu'ils lyncheraient les mécréants
Pour ensuite regarder le Big Brother
Et allumeraient un feu d'enfer
Pour les Roms, au nom de Dieu
Avec les petits saints de Padre Pio.
Qui arrêtera la soutane,
L'air devient ecclésiastique
L'homme se domestique
Par la peur de la mort
Chaque dimanche.
Qui arrêtera la soutane,
Ceux qui ne s'inquiètent de rien,
Ceux qui massacrent
À coups de hardis et de paradis
Tandis qu'ici il n'y a plus de sourire.
J'étais barricadé
Dans mon lit avec la femme d'untel
Où aucun cardinal zélé ne te bouscule,
On ne peut malheureusement pas forniquer tranquille !
Le soir, il n'y a même pas moyen d'être en paix
À la télé, il n'y a que des flics et des prêtres
On les invite même à commenter le goal.
Qui arrêtera la soutane.
L'air se fait méphitique,
L'homme se domestique
Par la peur de la mort
Chaque dimanche.
Qui arrêtera la soutane,
Ceux qui ne s'inquiètent de rien,
Ceux qui massacrent
À coups de hardis et de paradis
Tandis qu'ici il n'y a plus de sourire.
Joyeux printemps
Dans ce pays de galère.
On ne respire pas,
Mieux vaut s'en aller sur la Cordillère
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