mercredi 8 juillet 2015

MAINTENANT QU'ON A FAIT SILENCE

MAINTENANT QU'ON A FAIT 

SILENCE.



Version française – MAINTENANT QU'ON A FAIT SILENCE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Ora che s'è fatto silenzio Vasco Pratolini – 1985



Anna Maria avait l'âge de l'amour et des espoirs de vie meilleure et face à la répression qui frappait sans relâche ceux qui voulaient changer le monde, elle était elle-aussi entrée en résistance et en clandestinité.






Voici, Lucien l'âne mon ami, une chanson écrite (en fait, je rappelle pour qui voudrait ergoter que Pétrarque avait écrit tout un « canzoniere », que la Chanson de Roland ou celle des Fileuses étaient des chansons au sens premier, que Rimbaud, Baudelaire, Verlaine et tant d'autres ont écrit des chansons qui attendirent parfois presqu'un siècle avant d'être mises en musique et chantées) par un grand écrivain italien du siècle dernier, un écrivain dont les chroniques racontaient l'histoire des petites gens, une histoire de résistance, d'une résistance toute baignée de vie quotidienne. Enfin, si tu ne l'as pas déjà fait, je te suggère de lire ce Vasco Pratolini. Comme on dit chez nous, des comme ça, on n'en fait plus. Un homme plein de cœur et d'humanité. Son texte aussi, tout son livre, a subi le sort de ceux – femmes, hommes, livres – qu'on ne veut pas voir, qu'on ne veut pas entendre, qu'on veut vouer au silence éternel. Raison pour laquelle je me suis empressé d'en donner une version française, petite contribution à la culture comme rempart à l'oubli.


Moi, je me souviens de Sappho qui chantait ses chansons, ce qui inspira les très jolies chansons de Bilitis , écrites deux millénaires plus tard, par le Gantois Pierre Louys, qui elles ne durent pas attendre tant pour être chantées sur une musique de Claude Debussy. Je vois très bien de qui tu parles, Marco Valdo M.I. mon ami. Et je me souviens de ces temps de résistance dans la région de Florence, où je véhiculais hommes et armes dans d'étranges balades nocturnes par les vallons, les collines et jusque dans les rues où l'on arrivait juste à la levée du couvre-feu, comme arrivent les paysans au marché. Ainsi, Pratolini, je l'ai croisé plusieurs fois en ces temps-là. Cependant, parle-moi un peu de la chanson.


C'est une histoire tragique, celle d'une jeune fille, d'une jeune femme assassinée par un policier d'une balle en plein visage au moment où elle rentrait chez elle. En somme, pour résumer la chose, cette jeune femme est une victime d'une de ces multiples « bavures » policières que l'on rencontre souvent dans cette Guerre de Cent Mille Ans  que les riches et leurs serviteurs font aux pauvres afin de maintenir leur domination, d'assurer leur puissance, de défendre leurs privilèges, d'étendre leurs richesses, d’accroître leurs profits et d'empêcher toute révolte contre les iniquités et l'injustice fondamentale de l'exploitation. 
Annamaria Mantini ("Luisa") était une militante des Nuclei Armati Proletari (Noyaux armés prolétariens), abattue à Rome à l'âge de 22 ans, le 8 juillet 1975, il y a exactement 40 ans. Anna Maria avait l'âge de l'amour et des espoirs de vie meilleure et face à la répression qui frappait sans relâche ceux qui voulaient changer le monde, elle était elle-aussi entrée en résistance et en clandestinité. Ils avaient déjà tué son frère… Un jour qu'elle rentrait chez elle, elle tomba dans un guet-apens tendu par cinq policiers. Ils ne lui laissèrent même pas la possibilité d'un procès… Qu'aurait-elle dit ? Il est des vérités qu'il vaut mieux étouffer dans l’œuf. Donc, ils l'abattirent. Le coup est parti tout seul… Telle fut l'explication et l'épitaphe des tueurs.


Moi, je l'ai toujours dit, il ne faut pas laisser certains jouer avec des armes à feu… C'est dangereux.
D'ailleurs, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde accroché à ses oripeaux, intolérant, expéditif et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.






Maintenant qu'on a fait silence,
Dents serrées salut - mais salut où
sinon sur cette planète que belle
Tu embellissais ? Lumière suc exhalés comme
Éclate au soleil trop chaud la grenade
Toi clandestine.

Et comme un temps il y eut jeunesse amour
dans chacune de tes paroles chaque censure,
Sur le pas d'Arno qui connaît ton beau visage,
Natascia et Buonaluna se sont rerencontrées.
De toi parlant tranquilles de ta courte vie.
La fusillade.

Nous de notre créature ne pouvons qu'en regoûter la mémoire.
Elle est miel et fiel.
Appelons-la dorénavant avec son nom de guerre : Viola.
Une personne que nous n'avons pas connue
Et qui nous demande seulement pitié. Pitié et amour.
Elle, assassinée, que le monde voudrait assassine.
Ne me fais pas craindre que toi aussi tu le crois.

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