SOUVENIRS
D'UN VAINCU
Version
française – SOUVENIRS D'UN VAINCU – Marco Valdo M.I. – 2015
d'une
chanson catalane – Records
d'un vençut – Joan
Isaac – 1977
Parc Güell,
le dimanche.
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L'histoire
d'un vaincu de la guerre civile. L'exil en France, la tentative de
recommencer une nouvelle vie, le rêve – qui pour beaucoup ne fut
pas possible ou fut trop tardif – d'un retour dans une patrie
libérée de la dictature.
Vois-tu,
Lucien l'âne mon ami, c'est une chanson qu'on dira – à juste
titre, antifranquiste et conséquemment, antifasciste, antiféloniste
et d'une façon doublement particulière :
d'une
part, car ce sont les remembrances d'un vaincu, d'un de ceux qui
durent connaître le dur exil – pour des raisons que nous
connaissons et qui pèsent encore et que l'on appelle communément
« real politic » ou en jouant sur les mots : de
« reale politica », celle qui sévit toujours aujourd'hui
en Espagne (Una, grande...) ;
d'autre
part, car c'est une chanson catalane, chose qu'on ne peut ignorer. Et
c'est de ce dernier sens que j'aimerais que nous parlions un peu.
Pourquoi
pas ? Il me semble, à moi, tout âne que je suis, moi qui ai
parcouru depuis bien des siècles, bien des régions, bien des
villages, bien des pays, il me semble que la langue est un des
éléments les plus importants de la vie de l'humaine nation ;
bref, tu as raison, il faut en parler.
Moi,
comme tu le sais, mon ami l'âne Lucien, je vis dans un pays
artificiel, dont la plus grande partie parle une autre langue (le
flamand) que celle que je m'efforce de connaître et de pratiquer (le
français). Et ces gens-là (comme disait Brel) ont parfaitement le
droit et même raison de parler leur langue et de vivre en elle,
puisque comme pour nous tous, c'est au travers de la langue que l'on
pense et que se traduisent les émotions. Donc, c'est ainsi que
transite la vie, la sensation de vie. Cependant, on m'obligea – dès
l'enfance et pendant des années – à me farcir l'indigeste
apprentissage de langues (flamand, anglais) qui, du coup, me
donnèrent la nausée. On se sent ici comme dans certaines colonies…
Ah, si j'avais pu choisir ; au lieu de perdre plus de douze ans
d'apprentissage inutile et humiliant, j'eusse choisi l'une ou l'autre
langue. Pour se convaincre que je n'ai rien contre le fait de
m'efforcer de connaître d'autres langues que le français, il suffit
de voir que je traduis des langues que je ne connais même pas et
surtout qu'on ne m'a pas imposées de force.
Je
connais çà, ces langues qu'on impose… Ora e sempre :
resistenza !
Et,
il faut comprendre, Lucien l'âne mon ami, que la langue devient
enjeu politique à partir du moment où on l'impose pour museler les
aspirations des êtres, mais aussi pour leur imposer une domination
et une exploitation, y compris économique, y compris politique. Pour
que nos amis italiens comprennent bien : la partie flamande de
ce faux pays est sous la houlette de ce qui ressemble à la Ligue du
Nord (en Italie) ou au national-radicalisme de Madame Le Pen (en
France) et ces gens-là imposent en bons nationalistes leur
conception de la société. Et leur moteur est la langue ; un
peu comme pour le pangermanisme, celui des Allemands de souche, fut
pareillement porté par d’autres nationalistes d'un autre temps.
Rien
d'étonnant dès lors que les gens d'où qu'ils soient, n'aiment pas
qu'on leur impose d'autres langues que la leur. J'imagine que c'est
ton cas…
En
effet, Lucien l'âne mon ami, cela se passe ici même, mais c'est
aussi le cas par exemple au Québec, en Suisse romande, en Catalogne,
en Euzkadi… Je n'en dirai pas plus. Je préfère laisser courir la
réflexion au fil du temps.
Je
pense que tu fais bien, car la chose est complexe et à mon sens,
elle se dénouera d'elle-même. Cela dit, reprenons notre tâche et
tissons le linceul de ce vieux monde nationaliste, oppresseur,
tyrannique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Parfois,
on le trouve au café
Accroché
à un verre,
Les
yeux à demi-fermés
Et
la bouche sèche.
Parfois, sur un banc vert
Dans un parc éloigné,
Admirant son petit-fils dont il est toqué.
Parfois, sur un banc vert
Dans un parc éloigné,
Admirant son petit-fils dont il est toqué.
Il
conserve au creux de sa main
Le
parfum parisien
Des
vingt ans d'une fille
Nuage
déjà dissipé
Et
son canotier de paille beige
Illumine
les cafés
Ou
les concerts du parc Güell,
le dimanche.
Il
garde dans le fonds d'un tiroir discret
Certain très vieux « Diluvio »
Où dorment des mots
Que le temps a défaits.
S'ils savaient le bien qu'ils t'ont fait,
Vaincu peu t'appelleraient .
Certain très vieux « Diluvio »
Où dorment des mots
Que le temps a défaits.
S'ils savaient le bien qu'ils t'ont fait,
Vaincu peu t'appelleraient .
Ce
dix-huit juillet de trahison
Cent
mille fois maudit
Te
vola ton sourire
Et
une volée de compagnons,
Peur, sang, bombes et canons,
Témoins d'un triomphe
Qui t'a rejeté très loin d'ici.
Peur, sang, bombes et canons,
Témoins d'un triomphe
Qui t'a rejeté très loin d'ici.
Puis,
l'exil, les Pyrénées, la France,
Des gens de coutumes différentes
Et l'ardeur vrillée dans la poitrine
Qui garde l'espoir que ton temps revienne.
Nous combattons tous dans cette espérance.
Des gens de coutumes différentes
Et l'ardeur vrillée dans la poitrine
Qui garde l'espoir que ton temps revienne.
Nous combattons tous dans cette espérance.
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