vendredi 3 avril 2015

L'Amoureuse d'Arlequin


L'Amoureuse d'Arlequin

Chanson française – L'Amoureuse d'Arlequin – Marco Valdo M.I. – 2015

ARLEQUIN AMOUREUX – 3

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.




Pollo, dis-moi, je suis amoureux de toi
Répète. Je suis amoureux de toi, Arlecchina.




Évidemment, dit Lucien l'âne, tout frétillant du dos et de la queue, ton Arlequin amoureux doit bien avoir une amoureuse…


Évidemment. Mais une amoureuse quelque peu fantasque, qui toujours lui serre le cœur et toujours, lui échappe. Mais des choses amoureuses, on ne saurait tout dire en une fois. Il nous faudra bien toute l'histoire pour en deviner les contours à leur amour. Mais c'est là, je peux déjà te le dire, un amour vrai, un amour comme on n'en fait plus trop de nos temps, un amour d'Arlequin. Dans cette canzone-ci, ils se retrouvent et comme de vrais amoureux, ceux que l'on rencontre dans les histoires, à peine retrouvés, ils se perdent. Elle est comédienne et sa troupe reprend la route et surtout, sans que cela soit dit explicitement, l'Arlequin est un hors-la-loi ; c'est un homme qui doit s'en aller, toujours s'en aller. Il n'a droit qu'à de brèves rencontres. Addio, Pollo ! Addio, Arlecchina !


Je comprends très bien tout cela. Moi-même, tu le sais, je cours le monde depuis si longtemps. Mais, écoutons son histoire… et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde insensible, méprisant, implacable et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Ne dis pas, ô, Arlecchina
Ne me dis pas que tu t'en fiches.
Voyez, il ne reste de mon Arlecchina
Qu'une silhouette sur cette affiche
Tenue toute ma vie par devers moi.
Au dos, La Tournesse, son nom d'artiste

Arlecchina, une passade, une fredaine,
Fille d'entre souper et déjeuner ?
Vous avez bien tort de croire cela.
L'erreur, mon cher, est humaine
Mais c'est diablerie de persévérer.
Alors, je vous en prie, ne le répétez pas !

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Regardez cette affiche !
Mon plus précieux fétiche,
Placée contre mon sein
Jusqu'à la fin de ma fin,
Sur les routes de mon infortune,
Sous les étoiles des nuits sans lune.

Onze ans, onze ans dans l'oubli,
Je n'avais pas été grandiose dans son lit.
Cœur gros, je l'ai cherchée, Madonna mia.
Je la cherchais et ne la trouvais pas.
Moi le nain, elle la Princesse,
Arlequin nostalgique de La Tournesse.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Pollo, dis-moi, je suis amoureux de toi
Répète. Je suis amoureux de toi, Arlecchina.
Depuis quand ? Pollo, depuis quand ?
Il y a tellement, tellement longtemps.
Addio, Pollo. Qu'est-ce que tu as ? Où tu vas ?
Au pays, en Bohème ? Je ne sais pas, Arlecchina.

Fuyard, déserteur en caleçon et chemise,
Marchant depuis Marengo et Venise,
Fuyant les soudards comme les rats,
Risquant mille fois d'être repris,
Sans papiers, sans Arlecchina,
Je pâlis, je maudis tous les pays.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

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