La
Fin des Indiens
Chanson
française - La Fin des Indiens – Marco Valdo M.I. – 2015
Tirée
d'une nouvelle d'Oskar
Panizza,
intitulée « Idées d'un Indien », dans la traduction
française de Jean Bréjoux, La Différence, Paris (1979)
Regarde, j'ai mis mon costume de grand guerrier ;
Sur ma peau, mes peintures de guerre ;
Sur ma tête, mes plus belles plumes.
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Ah,
Lucien l'âne mon ami, voici une chanson terrible. Non, je ne parle
pas de sa qualité, mais bien de quelque chose qui sème la terreur.
Quelque chose d'effrayant. Mais une terreur bénéfique, une terreur
qui bouscule la pensée et fait réfléchir ; bref, une terreur
intelligente et salutaire.Elle n'a évidemment rien à voir, ni à
faire, avec les délires terroristes que l'on connaît de nos jours.
Bien sûr, je le vois à ton œil palpitant, la liquidation des
populations indiennes (et peu s'en faut qu'elle fut totale) est en
soi un chose effrayante, abominable et terrible. Cependant, ici, dans
cette canzone particulière, ce n'est pas la fin des tribus indiennes
qui effraye, mais bien la manière dont cette fin se réalise. Mais
je te laisse découvrir la chose…
Je
vais m'empresser de le faire, dit Lucien l'âne un peu étonné. Mais
avant, je vois que tu as tiré cette chanson d'une nouvelle...
En
effet, d'une nouvelle de l'écrivain allemand Oskar Panizza… Un
écrivain lui-même assez fantastique, qui comme d'autres –
Nietzsche et Maupassant, finira sa vie dans la folie suite à une
infection syphilitique. Je dirais même un écrivain sulfureux qui
fut poursuivi des foudres de la justice, mais surtout aussi, mis à
l'index par l'Église. Notamment en raison de son « Concile
d'amour ». Il est mort il y a à peu près un siècle et
aujourd'hui encore, on le tient à l'écart et on feint de l'ignorer.
La chanson a d'ailleurs aussi comme but de le faire connaître.
Ainsi, comme tu le comprends, tout le mérite de cette histoire
revient à Oskar Panizza.
Bien.
Alors courrons entendre la voix de Panizza et comme lui, tissons –
à notre manière, nous aussi – le linceul de ce vieux monde
bien-pensant, colonisateur, exterminateur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Docteur,
docteur, je viens pour te parler.
Regarde,
j'ai mis mon costume de grand guerrier ;
Sur
ma peau, mes peintures de guerre ;
Sur
ma tête, mes plus belles plumes.
Je
suis peau-rouge, tu es blanc.
Docteur,
docteur, tu es un grand sorcier,
Tu
connais les secrets des médicaments,
Je
le sais et tu dois nous aider.
Docteur,
tu nous as toujours soignés
Avec
tes formules et chaque fois,
Chaque
fois, tu nous as sauvés.
Docteur,
le Grand Esprit posera son œil sur toi.
Docteur,
docteur, nous avons confiance en toi.
Avec
ta médecine, tu vas nous aider.
Toute
la tribu est malade et veut s'en aller
Aide-nous,
ce sera la dernière fois.
Nous
tous, les Sioux, les Dakotas, les Cheyennes.
Docteur,
nous voulons partir là-bas,
Prendre
le chemin des Chasses éternelles.
Docteur,
le Grand Esprit posera son œil sur toi.
Les
Hommes de cheval, les Visages de mort
Nous
ont menti, nous ont tués, nous ont tout pris.
À
petit feu, ils nous achèvent avec le brandy.
Docteur,
il ne nous reste plus que la mort.
Docteur,
que penses-tu du brandy ?
On
donnera toutes nos fourrures pour du brandy,
On
soûlera toute la tribu, on boira tout
Et
puis, à tous, on tranchera le cou.
Et
les enfants ? Chef, tu n'y penses pas.
Chez
nous, il n'y a plus d'enfants ;
On
les a tous étouffés depuis dix ans.
Docteur,
le Grand Esprit posera son œil sur toi.
C'est
de la folie. S'il faut aller à la mort,
Prenez
vos armes, mettez vos peintures de guerre,
Battez-vous
jusqu'au dernier, massacrez vos adversaires.
Chef,
n'est-ce pas une plus belle mort ?
Docteur,
pourquoi répandre tant de sang ?
Nous
avons déjà les scalps pour aller là-bas.
On
les collectionne depuis quarante ans.
Docteur,
le Grand Esprit posera son œil sur toi.
Docteur,
voici ce que nous avons décidé.
Notre
chair vaut quand même mieux que celle du sanglier.
Nous
allons rôtir nos jeunes filles, nos jeunes gens ;
Puis,
offrir aux Visages de mort ces mets succulents.
Nous
les anciens, nous nous pendrons dans les bois.
Ainsi,
tout notre peuple se sacrifiera.
Ce
sera quand même mieux qu'un cadavre pendu sur une croix.
Docteur,
le Grand Esprit a posé son œil sur toi.
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