Le
Twist Du Déserteur
Chanson
française – Le
Twist du Déserteur – Jean Arnulf – 1963
Twist du déserteur (déserteur allemand (1945) pendu par les SS et dépendu par des soldats alliés) |
Mon
cher ami Lucien l'âne, voici une chanson de déserteur, une de plus
dans les Chansons contre la Guerre, où elle va rejoindre le
déserteur [[1]]
de
Boris Vian et des tas d'autres, y compris Joseph
Porcu [[9046]].
Comme
tu le vois dans son titre, c'est une chanson d'époque : c'est
un twist. Si
tu te souviens et peut-être serais-tu le seul âne à l'avoir
pratiqué, le twist était une sorte de déhanchement assez
douloureux auquel les danseuses et les danseurs s'astreignaient
pendant qu'un chanteur (une chanteuse ou plusieurs) essayaient de se
faire entendre par delà les instrumentistes
eux-mêmes bien décidés à se faire entendre. Et
très audacieusement, ce
twist est intitulé :
Le Twist du Déserteur. Très
audacieux, car à l'époque, ça rigolait pas
avec le service militaire. J'en tiens pour exemple, Bon
pour le service
, ce petit film – une
merveille (interdit
à l'époque) qui parle de twist et de service militaire.
Certes,
je me souviens, mais je n'ai au grand jamais pratiqué pareille
chose… À mon âge, t'imagines. Donc, un twist anti-militariste…
Ce devait être une marchandise assez rare… Le twist n'était pas,
du moins pour ce que je m'en souviens, parmi les genres musicaux
préférés des chanteurs militants…
C'est
exact. Mais quand même Jean Ferrat, qui ne l'a d'ailleurs jamais
fait, se proposait, par dérision ou comme exploit de twister dans
une, par ailleurs, très belle chanson : Nuit
et Brouillard [[19]].
Mais ce n'était plus de son âge… et
puis, comme tu le verras, Jean Arnulf l'avait déjà fait. Et Jean
Arnulf n'y va pas de main morte… Tout-à-fait dans la foulée du
Déserteur de Boris Vian. Je dirais en plus chargé d'acide
sarcastique. L'acide sarcastique se fait en broyant des roches
sarcastiques
que l'on va chercher dans les profondeurs du sol que l'on mélange de
sels de poésie et de cadences catasoniques. Enfin, tu verras à
l'usage, c'est pas mal.
Voilà
qui est bien et qui m'intrigue, dit Lucien l'âne l'oeil illuminé de
saine rigolade. Mais encore…
Mais
encore, justement. Venons-y. C'est là que je t'attendais, car tu vas
rire plus encore. Il s'agit du dernier couplet, qui est extrait d'un
chant ancien repris au répertoire militaire. Pour te dire, ma
grand-mère, celle qui a fait la guerre de 14-18 à l'hôpital du
côté de Reims, le fredonnait souvent, comme une rengaine ironique.
Ce couplet est en fait une partie du refrain du Tambour Miniature,
sorte de Blechtrommel
[[40093]] avant
la lettre. Et comme je te l'ai dit, pour te faire bien rire, car elle
est drôle
et à mon sens assez peu enthousiaste des exploits militaires. Enfin,
tu jugeras. Pour un peu, moi, je la mettrais comme chanson contre la
guerre, s'il n'y avait ses interprètes : chorale et musique
militaire. Et maintenant, pour toi, en direct, cet
étonnant morceau de l'art lyrique militaire :
Chanson
française – anonyme – avant 1900.
Interprète :
Troupes de Marine
Je
suis un tambour miniature
Marquez le pas
On m'admire pour ma belle stature
Par le flanc droit
J'ai fait trois fois le tour du monde
Au garde à vous
J'ai courtisé des brunes et des blondes
Serrez les rangs
Et de moi l'on dira toujours
Au garde à vous
Qu' j'étais foutu pour la guerre et l'amour
Tireur debout
J'ai perdu mes jambes à Gravelotte
J'ai perdu mes deux bras à Valmy
Au Tonkin, j'ai perdu ma culotte
Et le reste, dans le faubourg Saint-Denis
Chez la mère cass'bite
Ah! il fallait pas, il fallait pas qu'il y aille
Ah! il fallait pas, il fallait pas y aller
Mais il a fallu, il a fallu qu'il y aille
Mais il a fallu, il a fallu y aller
Marquez le pas
On m'admire pour ma belle stature
Par le flanc droit
J'ai fait trois fois le tour du monde
Au garde à vous
J'ai courtisé des brunes et des blondes
Serrez les rangs
Et de moi l'on dira toujours
Au garde à vous
Qu' j'étais foutu pour la guerre et l'amour
Tireur debout
J'ai perdu mes jambes à Gravelotte
J'ai perdu mes deux bras à Valmy
Au Tonkin, j'ai perdu ma culotte
Et le reste, dans le faubourg Saint-Denis
Chez la mère cass'bite
Ah! il fallait pas, il fallait pas qu'il y aille
Ah! il fallait pas, il fallait pas y aller
Mais il a fallu, il a fallu qu'il y aille
Mais il a fallu, il a fallu y aller
Quand
je rencontre une belle petite
Marquez le pas
A monter chez moi je l'invite
Par le flanc droit
Comme un soldat je la commande
Au garde à vous
Et si parfois, la belle en redemande
Serrez les rangs
J' lui dis que je n' suis pas toujours
Au garde à vous
Des mieux foutus, pour la guerre et l'amour
Tireur debout
Marquez le pas
A monter chez moi je l'invite
Par le flanc droit
Comme un soldat je la commande
Au garde à vous
Et si parfois, la belle en redemande
Serrez les rangs
J' lui dis que je n' suis pas toujours
Au garde à vous
Des mieux foutus, pour la guerre et l'amour
Tireur debout
J'ai
perdu mes jambes à Gravelotte
J'ai perdu mes deux bras à Valmy
Au Tonkin, j'ai perdu ma culotte
Et le reste, dans le faubourg Saint-Denis
Chez la mère cass'bite
Ah! il fallait pas, il fallait pas qu'il y aille
Ah! il fallait pas, il fallait pas y aller
Mais il a fallu, il a fallu qu'il y aille
Mais il a fallu, il a fallu y aller
J'ai perdu mes deux bras à Valmy
Au Tonkin, j'ai perdu ma culotte
Et le reste, dans le faubourg Saint-Denis
Chez la mère cass'bite
Ah! il fallait pas, il fallait pas qu'il y aille
Ah! il fallait pas, il fallait pas y aller
Mais il a fallu, il a fallu qu'il y aille
Mais il a fallu, il a fallu y aller
Ma
femme accouche toutes les trois semaines
Marquez le pas
Faut voir comment le gosse s'amène
Par le flanc droit
J'entends la voix de la sage femme
Qui dit tout bas
Allez-y donc, allez-y ma p'tite dame
Serrez les flancs
C'est un p'tit gars beau comme le jour
Au garde à vous
Des mieux foutus, pour la guerre et l'amour
Tireur debout
Marquez le pas
Faut voir comment le gosse s'amène
Par le flanc droit
J'entends la voix de la sage femme
Qui dit tout bas
Allez-y donc, allez-y ma p'tite dame
Serrez les flancs
C'est un p'tit gars beau comme le jour
Au garde à vous
Des mieux foutus, pour la guerre et l'amour
Tireur debout
J'ai
perdu mes jambes à Gravelotte
J'ai perdu mes deux bras à Valmy
Au Tonkin, j'ai perdu ma culotte
Et le reste, dans le faubourg Saint-Denis
Chez la mère cass'bite
Ah! il fallait pas, il fallait pas qu'il y aille
Ah! il fallait pas, il fallait pas y aller
Mais il a fallu, il a fallu qu'il y aille
Mais il a fallu, il a fallu y aller
J'ai perdu mes deux bras à Valmy
Au Tonkin, j'ai perdu ma culotte
Et le reste, dans le faubourg Saint-Denis
Chez la mère cass'bite
Ah! il fallait pas, il fallait pas qu'il y aille
Ah! il fallait pas, il fallait pas y aller
Mais il a fallu, il a fallu qu'il y aille
Mais il a fallu, il a fallu y aller
Bien,
bien. Repos, messieurs les chanteurs ! Nous, nous reprenons
notre tâche et nous tissons le linceul de ce vieux monde où l'on se
tue gaillardement, on se décapite régulièrement, on se brûle
spectaculairement, bref, on s'assassine inconsidérément et vieux
monde néanmoins cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Du
plomb dans la cervelle des autres,
Les morts qu'on compte à coups de civières,
Celui qui fait le bon apôtre,
L'autre qu'est content de sa lumière.
Les morts s'entassent sur leurs grands-pères,
Demain, nous serons des violettes,
Les affaires deviendront prospères,
On continuera les courbettes.
Yeah yeah, c'est la vie
Du plomb fondu à l'illusion
Dans des moules qu'on s'est offerts,
Ça ressortira en canon,
Mais c'est pas pour demain, la guerre.
Une guerre, ça se déclenche pas comme ça
Faudrait d'abord qu'on soit d'accord
C'est pas l'intérêt d'un État
De marchander avec des morts.
Yeah yeah, c'est la vie
Un petit peu de plomb dans ta cervelle
Tu comprendras que t'avais qu'à dire
T'étais pas fait pour la chapelle
Et t'aimais pas les gueules de cire
Maintenant, mon vieux, c'est trop tard
Tu ne peux plus parler, c'est fatal
Tu n'es plus qu'un pauvre soudard
Qui a tourné bien, bien, bien mal
Yeah yeah, c'est la mort
Ah, y fallait pas
Y fallait pas qu'y aille !
Ah, y fallait pas
Y fallait pas y aller !
Les morts qu'on compte à coups de civières,
Celui qui fait le bon apôtre,
L'autre qu'est content de sa lumière.
Les morts s'entassent sur leurs grands-pères,
Demain, nous serons des violettes,
Les affaires deviendront prospères,
On continuera les courbettes.
Yeah yeah, c'est la vie
Du plomb fondu à l'illusion
Dans des moules qu'on s'est offerts,
Ça ressortira en canon,
Mais c'est pas pour demain, la guerre.
Une guerre, ça se déclenche pas comme ça
Faudrait d'abord qu'on soit d'accord
C'est pas l'intérêt d'un État
De marchander avec des morts.
Yeah yeah, c'est la vie
Un petit peu de plomb dans ta cervelle
Tu comprendras que t'avais qu'à dire
T'étais pas fait pour la chapelle
Et t'aimais pas les gueules de cire
Maintenant, mon vieux, c'est trop tard
Tu ne peux plus parler, c'est fatal
Tu n'es plus qu'un pauvre soudard
Qui a tourné bien, bien, bien mal
Yeah yeah, c'est la mort
Ah, y fallait pas
Y fallait pas qu'y aille !
Ah, y fallait pas
Y fallait pas y aller !
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