GÉRARD DUVAL, TYPOGRAPHE
Version française – GÉRARD DUVAL, TYPOGRAPHE – Marco Valdo M.I. – 2010
Chanson
italienne – Gerard
Duval, tipografo – Bededeum – 2008
... j'ouvre le livret et je lis lentement : Gérard Duval, typographe. |
Ce
morceau est inspiré d'un épisode du livre d'Erich Maria Remarque À
l'Ouest rien de nouveau (Im Westen nichts Neues, 1929), dans lequel le
protagoniste, le soldat allemand Paul Börner, durant la première guerre
mondiale, sur la lancée d'un assaut, affronte et tue, dans un combat en
corps à corps, un soldat français, sauté à l'improviste dans la tranchée
où il cherchait lui aussi un abri. Il le tue comme ennemi, mais ensuite
se retrouve à affronter la mort d'un de ses semblables, un gars comme
lui, qui a une identité, des amours. Un prénom et un nom.
Il
fouille le cadavre à la recherche d’un indice qui lui permette de
découvrir son identité. Il ressent le poids de sa faute et le besoin
d'expier. Il trouve un livret avec certains documents. ... »Je fais le
vœu, aveuglément, que je vivrai dorénavant seulement pour lui et pour sa
famille, et je continue à lui parler les lèvres humides, et dans mon
cœur, il y a l'espoir que je me rachète de cette manière et que je
puisse sortir sauf d'ici, et, plus profondément encore, la petite
réserve mentale qu'après viendra du temps et on verra. Pour cela,
j'ouvre le livret et je lis lentement : Gérard Duval, typographe. Avec
le crayon du mort, j'écris l'adresse sur une enveloppe et je replace en
vitesse tout le reste dans sa tunique.
J'ai
donc tué le typographe Gérard Duval. Je dois devenir typographe, je
pense tout désorienté, je dois devenir typographe, typographe... »
Nous avons imaginé que dans ce livret pouvait se trouver la dernière lettre que Duval a écrit à sa femme peu avant l'assaut.
La Lune suit la dernière étoile
Dissout la nuit dans le ciel
L'ombre se resserre sur moi
Comme si elle avait peur
Dans le silence de la nuit,
Le hurlement du soleil se rapproche
Derrière chaque rayon un espoir
Mais seul le froid longe mon dos
La dernière nuit, la dernière étoile...
Comme si elles avaient peur...
J'écris pour te dire des choses déjà dites,
Dans le fleuve d'encre versée,
Les mots suivent un sens.
Mais que peut te dire une voix de papier,
Dans le vide de la chair ,
Quand le moindre rêve est violé ?
Ils m'ont emmené en terre
Dans le ventre de boue d'une tranchée,
Je n'ai plus d'encre sur les mains
Mais du plomb et du sang et ce qui reste...
La dernière nuit, la dernière étoile...
Comme si elles avaient peur...
Dans dix minutes, on part à l'assaut...
Je t'écrirai bientôt... Tu me manques.
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