mardi 9 décembre 2014

GÉRARD DUVAL, TYPOGRAPHE


GÉRARD DUVAL, TYPOGRAPHE

Version française – GÉRARD DUVAL, TYPOGRAPHE – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Gerard Duval, tipografo – Bededeum – 2008



... j'ouvre le livret et je lis lentement : Gérard Duval, typographe.







Ce morceau est inspiré d'un épisode du livre d'Erich Maria Remarque À l'Ouest rien de nouveau (Im Westen nichts Neues, 1929), dans lequel le protagoniste, le soldat allemand Paul Börner, durant la première guerre mondiale, sur la lancée d'un assaut, affronte et tue, dans un combat en corps à corps, un soldat français, sauté à l'improviste dans la tranchée où il cherchait lui aussi un abri. Il le tue comme ennemi, mais ensuite se retrouve à affronter la mort d'un de ses semblables, un gars comme lui, qui a une identité, des amours. Un prénom et un nom.

Il fouille le cadavre à la recherche d’un indice qui lui permette de découvrir son identité. Il ressent le poids de sa faute et le besoin d'expier. Il trouve un livret avec certains documents. ... »Je fais le vœu, aveuglément, que je vivrai dorénavant seulement pour lui et pour sa famille, et je continue à lui parler les lèvres humides, et dans mon cœur, il y a l'espoir que je me rachète de cette manière et que je puisse sortir sauf d'ici, et, plus profondément encore, la petite réserve mentale qu'après viendra du temps et on verra. Pour cela, j'ouvre le livret et je lis lentement : Gérard Duval, typographe. Avec le crayon du mort, j'écris l'adresse sur une enveloppe et je replace en vitesse tout le reste dans sa tunique.
J'ai donc tué le typographe Gérard Duval. Je dois devenir typographe, je pense tout désorienté, je dois devenir typographe, typographe... »
Nous avons imaginé que dans ce livret pouvait se trouver la dernière lettre que Duval a écrit à sa femme peu avant l'assaut.



La Lune suit la dernière étoile
Dissout la nuit dans le ciel
L'ombre se resserre sur moi
Comme si elle avait peur
Dans le silence de la nuit,
Le hurlement du soleil se rapproche
Derrière chaque rayon un espoir
Mais seul le froid longe mon dos

La dernière nuit, la dernière étoile...
Comme si elles avaient peur...
J'écris pour te dire des choses déjà dites,
Dans le fleuve d'encre versée,
Les mots suivent un sens.
Mais que peut te dire une voix de papier,
Dans le vide de la chair ,
Quand le moindre rêve est violé ?

Ils m'ont emmené en terre
Dans le ventre de boue d'une tranchée,
Je n'ai plus d'encre sur les mains
Mais du plomb et du sang et ce qui reste...
La dernière nuit, la dernière étoile...
Comme si elles avaient peur...
Dans dix minutes, on part à l'assaut...
Je t'écrirai bientôt... Tu me manques.



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