ON
DEVRAIT AVOIR SEIZE ANS
ENCORE
Version
française - ON DEVRAIT AVOIR SEIZE ANS ENCORE – Marco Valdo M.I. –
2014
Chanson
allemande – Man müsste wieder sechzehn sein (Existenz
im Wiederholungsfälle)
- Erich Kästner – 1936.
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment ?
Vraiment !?
|
« Ce
beau poème intemporel d'Erich Kästner s'appelle à
l'origine « L'existence dans
le piège de la répétition » (Existenz im
Wiederholungsfälle ). Mais comme pour d'autres de
ses poèmes, je trouve le titre un peu mal choisi.
J'ai aussi omis la dernière ligne. À la question de savoir si on
veut revoir les images d'alors, quand on était jeune, le
Kästner répond résolument « Oui ! »
Je voudrais laisser la réponse ouverte. », ainsi commentait ce poème tiré de « Lyrische Hausapothek » - « Pharmacie Lyrique », un de ses admirateurs contemporains. [http://nicolaslindt.ch/?id=17&subid=28].
Je voudrais laisser la réponse ouverte. », ainsi commentait ce poème tiré de « Lyrische Hausapothek » - « Pharmacie Lyrique », un de ses admirateurs contemporains. [http://nicolaslindt.ch/?id=17&subid=28].
Eh
bien, alors, dit Lucien l'âne un peu ébahi…
Eh
bien, si j'ai cité ce propos, c'est qu'il me sert de parfaite
introduction. Ainsi, nous connaissons l’intention de Kästner et sa
réponse à la question de savoir, s'il souhaitait revenir à ses
seize ans… Il répond carrément oui… Son commentateur semble
hésiter et vouloir laisser la « porte ouverte ». Étrange
dispute qui repose à mon sens sur un malentendu. Et un malentendu
historique. Je dis historique, car la clé de ce poème se trouve
très précisément dans la biographie d'Erich Kästner et de tous
les jeunes gens de son âge, je veux dire ceux qui sont nés en 1899
ou aux environs. Repartons de là et que constate-t-on ?
Quelqu'un (Kästner, par exemple) qui est né en 1899 atteint l'âge
de 16 ans en 1915. Et souviens-toi de cette autre chanson de Kästner
que je t'ai fait connaître l'autre jour – Jahrgang
1899 – CLASSE 1899 et de ce
qu'il y dit :
Nous
avons couché avec les femmes,
Tandis que les hommes étaient en France.
Nous nous sommes pris pour des amants ;
Nous étions à peine des confirmands.
Tandis que les hommes étaient en France.
Nous nous sommes pris pour des amants ;
Nous étions à peine des confirmands.
Ensuite, on nous prit pour faire des militaires,
Comme chairs à canon.
À l'école, les bancs se vidèrent,
Les mères pleuraient à la maison. »
Voilà,
les 16 ans de Kästner et de ses camarades adolescents. Et c'était
en quelque sorte « l'âge
d'or » [[10588]] pour les adolescents. Il est donc
facile de comprendre qu'Erich Kästner aurait aimé en rester là et
surtout ne pas connaître la suite – Classe 1899 – incorporation
1917. Erich Maria Remarque n'en pensait pas moins (Classe 1898 –
incorporation en 1916). Et sans doute, dès qu'ils ont eu un peu
de recul sur l'événement, qu'ils ont eu le nez dans la gadoue, le
face-à-face avec l’écœurante physionomie de la guerre, tous les
jeunes Allemands, Français, Belges, Autrichiens, Italiens,
Hongrois, Russes … Indistinctement,
tous, sauf quelques malades déments, tels Ernst Jünger, dit Orages
d'acier [[37711]].
Ah,
je comprends… Moi aussi, j'aurais voulu rester à mes jeunes
années… avant de devenir un âne errant. Quoique… Mais mon sort
est bien différent de celui de ces jeunes futurs cadavres, futurs
mutilés et futurs restes.
Mais,
car il y a un mais. Il y a mon interprétation… « a
posteriori » et elle diffère de celles-là. Je m'en tiens au
texte et à la capacité particulière de la poésie d'évoquer autre
chose… que ce que l'auteur croit y mettre. Précisément dans la
même finale. Regarde :
« On
verrait tout, ce qu'on voyait à ce moment...
Et tout ce qui est arrivé depuis ce temps,
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment !? »
Et tout ce qui est arrivé depuis ce temps,
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment !? »
Sincèrement,
Lucien l'âne mon ami, peut-on penser un instant vouloir « revoir
les mêmes images » ? Les massacres grandeur nature, la
misère, l'inflation, le chômage, les assassinats politiques, la
montée des fascismes, la
peste brune s'étalant tout au travers du pays les nazis au pouvoir…
et ce qui s'en suivra. Vraiment !? D'où vient-elle cette
extraordinaire lucidité ? Franchement, je ne peux l'attribuer
qu'à cette dimension particulière de la poésie. Et
puis, il faut aussi
tenir compte du moment
où le
recueil dont elle est extraite et qui s'intitule très exactement
« Doktor Erich Kästners Lyrische Hausapotheke » a
été publié en 1936, mais bien évidemment pas en Allemagne (les
nazis avaient déjà brûlé les livres de Kästner dès 1933), mais
en Suisse. Et se poser aussi la question – en connaissant l'humour
ravageur de Kästner – de savoir ce que cette pharmacie lyrique
était censée devoir soigner…
Moi
qui ai entendu Cassandre, je ne peux que te dire comme Erich Kästner
dans sa fin tronquée : « Ja ! Oui ! ».
Mais reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
mercantile, militarisé, âpre et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
On
devrait avoir seize ans encore
Et oublier tout ce qui est arrivé depuis lors.
On devrait serrer des fleurs rares encore
Et – en grandissant - se mesurer aux portes
Et sur le chemin de l'école, sauter les barrières.
Et oublier tout ce qui est arrivé depuis lors.
On devrait serrer des fleurs rares encore
Et – en grandissant - se mesurer aux portes
Et sur le chemin de l'école, sauter les barrières.
On
devrait encore la nuit se tenir à la fenêtre
Pour entendre les voix des passants,
Quand elles troublent le sommeil léger des rues.
On devrait s'indigner, quand quelqu'un ment,
Et passer son chemin cinq jours durant.
Pour entendre les voix des passants,
Quand elles troublent le sommeil léger des rues.
On devrait s'indigner, quand quelqu'un ment,
Et passer son chemin cinq jours durant.
On
devrait courir dans le parc encore.
Avec une fille qui doit rentrer chez elle
A peur d'embrasser et veut un baiser.
On devrait avant la fermeture des magasins, avec elle,
Pour deux marks cinquante acheter une paire de bagues.
Avec une fille qui doit rentrer chez elle
A peur d'embrasser et veut un baiser.
On devrait avant la fermeture des magasins, avec elle,
Pour deux marks cinquante acheter une paire de bagues.
Une
fois encore, on amadouerait sa maman,
Car on a besoin de quelques sous pour la foire.
On irait voir l'homme qui plonge longtemps.
Et le singe qui fume le cigare.
Et caresser des dames monstrueuses.
Car on a besoin de quelques sous pour la foire.
On irait voir l'homme qui plonge longtemps.
Et le singe qui fume le cigare.
Et caresser des dames monstrueuses.
On
se laisserait séduire par une femme
Et on penserait toujours : « C'est la poule de Monsieur Quidam. »
Ses mains sur la peau, on sentit.
Le cœur dans le corps battait fort et vite,
Comme à la maison, les portes battent la nuit.
Et on penserait toujours : « C'est la poule de Monsieur Quidam. »
Ses mains sur la peau, on sentit.
Le cœur dans le corps battait fort et vite,
Comme à la maison, les portes battent la nuit.
On
verrait tout, ce qu'on voyait à ce moment...
Et tout ce qui est arrivé depuis ce temps,
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment ?
Vraiment !?Et tout ce qui est arrivé depuis ce temps,
Cela pourrait arriver une deuxième fois maintenant…
Veux-tu revoir les mêmes images, vraiment ?
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