dimanche 5 octobre 2014

LOIN LOIN…


LOIN LOIN…

Version française – LOIN LOIN… – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Lontano lontano…Franco Fortini1990-91
Interprétation : Margot – 2011


Une des « Sette canzonette del Golfo – Sept chansonnettes du Golfe » du recueil « Composita solvantur », le dernier publié avant la mort du poète en 1994 et qui rassemble des poèmes écrites entre 1984 et 1993.
Musique de Margot Galante Garrone, de son album « Margot » d
e 2011.


Moi, je me suis blessé ce matin
À une tige de rosier, me piquant le doigt ;





Cynique chanson du vieux et désenchanté Fortini, désormais proche de son départ libérateur de ce monde cruel. Dédiée à la guerre par laquelle Bush Senior inaugura le Nouvel Ordre Mondial dans le sang des millions se noient/nous pataugeons encore aujourd'hui…


Admettons, dit Lucien l'âne en se penchant avec douceur et lançant un regard de derrière ses oreilles tombantes… Admettons que je ne puisse juger de cette canzone qu'au travers de ta version…


Admettons, dit Marco Valdo M.I. Admettons cela, Lucien l'âne mon ami , et il le faut bien puisque c'est là souvent – pour celui qui n'entend que le français, la seule façon de faire et qu'il lui faut alors s'y résigner. Admettons…


Cela admis, dit Lucien l'âne relevant le crâne, je trouve cette canzone, ce poème, d'une grande lucidité et en cela, terrible. Ainsi, Fortini avait raison. Et puis, elle a l'air de sortir tout droit des grands champs de poésie où cueillirent qui la rose, qui le coquelicot ; on y entend comme en écho, Odilon-Jean Périer ou peut-être, Verlaine. Sans doute, parlaient-ils d'autres choses, mais ils ne parlaient pas différemment.


Oh, je sais, je sais…, Lucien l'âne mon ami. La poésie, cette songerie… les grands tam-tams et les bruyantes boîtes la fracassent à chaque instant… Mais la poésie… tout de même.


Tout de même, la poésie pour tisser le linceul de ce vieux monde plein de bruits, de guerres, de tristesses, de morts et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Loin loin, on fait la guerre ;
Le sang des autres coule à terre.


Moi, je me suis blessé ce matin
À une tige de rosier, me piquant le doigt ;

En suçant ce doigt, je pensais à la guerre
Oh, pauvres gens, qu'elle est triste la terre.

Je ne puis parler, je ne peux maudire ;
Ni par le ciel, ni par la mer, je ne peux partir.

Et si même, ô gens sans défense, je le pouvais,
Mon arabe est nul ! Indigent mon anglais !


Puis-je sous la tête des corps à terre
Déposer mon fort volume de vers ?


Je ne le crois pas. Cessons cette ironie vaine.
Le soleil va tomber. Mettons une laine.


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