LOIN
LOIN…
Version
française – LOIN LOIN… – Marco Valdo M.I. – 2014
Interprétation :
Margot – 2011
Une des « Sette canzonette del Golfo – Sept chansonnettes du Golfe » du recueil « Composita solvantur », le dernier publié avant la mort du poète en 1994 et qui rassemble des poèmes écrites entre 1984 et 1993.
Musique de Margot Galante Garrone, de son album « Margot » de 2011.
Cynique chanson du vieux et désenchanté Fortini, désormais proche de son départ libérateur de ce monde cruel. Dédiée à la guerre par laquelle Bush Senior inaugura le Nouvel Ordre Mondial où dans le sang des millions se noient/nous pataugeons encore aujourd'hui…
Admettons,
dit Lucien l'âne en se penchant avec douceur et lançant un regard
de derrière ses oreilles tombantes… Admettons que je ne puisse
juger de cette canzone qu'au travers de ta version…
Admettons,
dit Marco Valdo M.I. Admettons cela, Lucien l'âne mon ami , et il le
faut bien puisque c'est là souvent – pour celui qui n'entend que
le français, la seule façon de faire et qu'il lui
faut alors s'y résigner. Admettons…
Cela
admis, dit Lucien l'âne relevant le crâne, je trouve
cette canzone, ce poème, d'une grande lucidité et en cela,
terrible. Ainsi, Fortini avait raison. Et puis, elle
a l'air de sortir tout droit des grands champs de poésie où
cueillirent qui la rose, qui le coquelicot ; on y entend comme
en écho, Odilon-Jean Périer ou peut-être, Verlaine. Sans
doute, parlaient-ils d'autres choses, mais ils ne parlaient pas
différemment.
Oh,
je sais, je sais…, Lucien l'âne mon ami. La poésie, cette
songerie… les grands tam-tams et les bruyantes boîtes la
fracassent à chaque instant… Mais la poésie… tout de même.
Tout
de même, la poésie pour tisser le linceul de ce vieux monde plein
de bruits, de guerres, de tristesses, de morts et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Loin
loin, on fait la guerre ;
Le
sang des autres coule à terre.
Moi,
je me suis blessé ce matin
À
une tige de rosier, me piquant le doigt ;
En
suçant ce doigt, je pensais à la guerre
Oh,
pauvres gens, qu'elle est triste la terre.
Je
ne puis parler, je ne peux maudire ;
Ni
par le ciel, ni par la mer, je ne peux partir.
Et
si même, ô gens sans défense, je le pouvais,
Mon
arabe est nul ! Indigent mon anglais !
Puis-je
sous la tête des corps à terre
Déposer
mon fort volume de vers ?
Je
ne le crois pas. Cessons cette ironie vaine.
Le
soleil va tomber. Mettons une laine.
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