La
marche à suivre
Jean-Claude Watrin
Il a sillonné les routes de Gaume et de Belgique avec ses amis musiciens pour interpréter ses propres textes ainsi que ceux de ses amis Claude Raucy, Joseph Collignon
En 1977, il participe au Festival du Temps des Cerises à Floreffe. En 1978, il participe à l'album collectif Survivre à Couvin (contribution de plusieurs chanteurs à la lutte contre le barrage de l'Eau Noire). Son 1er album Chansons pour la Gaume paraît la même année. Il y interprète, en patois gaumais ou en français, des chansons de révolte (La marche à suivre, El Mimile et les èlections, Prenez le chemin des bois, Tchantans, tchantans, Chant de revendication) ou dépeignant la Gaume et ses habitants (La maîtresse dè Dampicou, El piquet, Tango de Champenois).
Suivent les albums L'ouvrier du chapeau (80) avec La mauvaise étiquette, adaptation d'un titre de Brassens, Marie-Hélène (81), Hôtel (85), Rendez-vous (89) et Le chemin des bois.
On
m'a signalé et j'ai promis de faire suivre... Alors, voilà, je fais
ce que j'ai dit...
Évidemment,
Lucien l'âne mon ami, je sais bien que tu es du genre « Je dis
ce que je fais et je fais ce que je dis » et je sais comme toi
que ce n'est pas le cas de tout le monde... Loin de là... Moi, par
exemple, je promets mille choses et je n'en tiens que très peu...
Mais ce n'est pas de la mauvaise volonté, je ne suis qu'un homme
moi, je fais ce que je peux... et comme je ne veux mécontenter
personne... Je mécontente presque tout le monde... cela dit, qui est
cet « on » qui t'a envoyé cette chanson ? Ce
serait bien de le faire connaître...
D'accord,
j'ai eu tort... Voici le message que j'ai reçu :
« Etes-vous
intéressé par des chansons rares de lutte, de contestation, de
résistance, de dénonciation... même si pas explicitement contre la
ou les guerres?
Je
vous livre celle-ci, déjà, en apéro: Jean-Claude
Watrin « La marche à
suivre ».http://www.bide-et-musique.com/song/.html.
Bonne
audition.
Merci.
Jacques. »
Dès
lors voilà, un nouveau chanteur en langue française... je dis ça,
car il n'est pas Français, il est Wallon et plus encore, il est
Gaumais. Une drôle de bande, les Gaumais... Des têtes dures comme
des pavés... Cela dit, un brave zig, quand même. Enfin, vous lirez
sa biographie. Il s'appelle Jean-Claude Watrin ; il a été
prof, il a fait d'autres choses, il n'a plus rien fait, il a chanté,
il a arrêté de chanter, il a recommencé... Toute une vie... Enfin,
tu liras sa biographie. Je suis à l'aise pour dire tout ça, car il
ne me connais pas.
Lucien
l'âne mon ami, c'est à moi cette fois de te demander... Et la
chanson dans tout ça ?
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Si tu as dix-sept ans
Et qu't'as besoin d'argent
Pendant à peine trois mois
J'ai travaillé dur à
L'usine Levi's d'Arlon
Fabrique à pantalons
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
A l'heure de la sonnette
Il est sept heures quarante
Les poches et les braguettes
Sont déjà en attente
Si tu ouvres la bouche
Pour parler du beau temps
Une contredame débouche
Avec ses arguments
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
On t'met un peu d'Clo-Clo
Du Sheila, du Ringo
Pour faire passer l'idée
Que l'travail n'est pas gai
Si tu demandes du Brel
On t'traite d'intellectuelle
On te r'met du musette
Du brouillard plein la tête
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
A dix heures c'est la pose
Alors tu te reposes
Le temps d'une cigarette
Dix heures à dix heures sept
Et puis ça recommence
Faut tenir la cadence
Les sermons du patron
Poussent à la production
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
Midi c'est l'heure du pain
Du fromage dans la flûte
Et dans dix-sept minutes
Tu reprends le turbin
Juste le temps tu as
D'te priver d'une tartine
Pour tirer deux trois fois
Sur l'mégot d'la copine
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
Si tu veux faire pipi
On t'suit chrono en main
Trois minutes le matin
Et trois l'après-midi
Si tu tombes dans les pommes
Comme moi un beau jour
T'as vingt minutes de bonnes
Pour te remettre au jour
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
Deux heures trente c'est la pose
Alors tu te reposes
Le temps d'une cigarette
Jusque à deux heures trente sept
Et puis ça recommence
Pour la dernière fois
Quatre heure vingt ça sera
L'heure de la délivrance
Du matin jusque au soir
C'est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l'échine
Sans faire de sentiment
Puis tu t'mets à penser
A tous ces ouvriers
Qui au bout d'la journée
Parlent de se révolter
Plus d'patron plus d'cadences
Plus d'travail à la chaîne
Il faut rompre le silence
Et tous briser nos chaînes
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