LAMENTATION
D'UNE MÈRE
Version
française - LAMENTATION D'UNE MÈRE – Marco Valdo M.I. – 2014
Prends mon souffle,
Le dernier qui me reste,
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I
J'entendis
en ce premier
Mai,
la musique
Résonner
dans le quartier,
Et
je dis à mon homme,
Qui
dormait encore
En
le secouant fort :
«
Debout lève-toi, Turi
On
entend la musique dehors,
Est
venu Li Causi ! » (*)
Et
à mon fils je dis:
«
Aujourd'hui ton béret
Tout
neuf, tu le mets,
Pour
que ce premier mai
Nous
donne l'espoir et la paix ».
II
J'ouvris
la porte,
Le
soleil entra
Et
tout de rouge
La
maison se combla.
Je
mets à mon homme
Une
fleur à la boutonnière ;
Je
l'embrasse, je le serre :
Je
le respecte et je l'aime.
Au
fils et au papa,
Je
joins les mains :
«
Li Causi parle là-bas ,
Courez
sur le terrain ».
Mon
fils met aussitôt
Son
nouveau béret
On
crie « Hourra Barbato ! »
Sur
la route, là plus haut.
Mon
cœur, il m'a semblé
Fuyait
d'un côté ;
Je
levais les bras bien haut :
«
Hourra Barbato ! »
III
Puis,
j'entendis tirer,
Tirer
au bout du chemin;
Je
ne vis plus rien,
Je
me mis à crier.
Sur
ma porte :
«
Voisins ! Voisines !
De
sang innocent,
On
fait des torrents ! »
Je
fonce à toute allure
Franchissant
fossés et pierres
Les
épines me déchirent
Jusqu'à
la chair.
Je
tombe à la renverse,
Courbée
sur le terrain,
Mes
dents et mes mains
Agrippent
la terre.
Et
je monte encore,
Le
coeur au bord de l'explosion,
Au
milieu des voix des mères
De
la fumée et des lamentations.
Et
là, à la seconde
Je
vis mon fils tué
Et
le monde
S'écrouler.
IV
Mon
fils ! Mon aimé !
Pourquoi
t'ont-ils tué,
Quel
mal as-tu fait,
Ainsi
je lui disais :
Tu
étais un ange éternel,
Une
colombe de sucre et de miel.
Mon
fils ! Mon aimé !
Tu
as tant de sang sur le visage !
Laisse-moi
le laver
De
mes larmes ;
Prends
mon souffle,
Le
dernier qui me reste,
Ouvre
tes yeux, je t'en supplie :
Que
je les voie luire
Au
moins une fois encore !
Mon
fils ! Mon aimé !
Je
ne peux plus t'appeler
Pour
t'éveiller le matin,
Et
te préparer l'huile et le pain.
Mon
fils ! Mon aimé !
Jamais,
je ne te laisserai,
Si
tu te mets en chemin
Je
ferai la route avec toi ;
Où
tu dormiras
Moi,
je serai ton oreiller,
Mes
bras seront ta couche ;
Et
où tu iras
Je
te suivrai ;
Qu'il
y ait feu ou flammes
Je
m'y jetterai,
Je
ferai miennes tes épines ,
Et
quand ton pleur débondera
Mon
cœur le boira.
Ô
mon enfant d'amour,
Ton
béret neuf fera usage,
Maintenant
et toujours
Tout
au long de ton long voyage.
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