NOVEMBRE 18
Chanson
allemande – November 18 – Kurt
Tucholsky – 1926
Texte
de Kurt Tucholsky (publié sur Die Weltbühne du 16 novembre 1926,
signé de son pseudonyme de Theobald Tiger), adapté par Hanns
Eisler.
Musique de Hanns Eisler.
Interprétée par Ernst Busch
http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47212
Tiens,
Lucien l'âne mon ami, j'espère que Novembre 1918, te rappelle
quelque chose. C'est à la fois, l'effondrement du Reich allemand, la
fin de la guerre et l'éclatement d'une révolution rapidement
avortée en Allemagne et pire que tout, avortée par ceux-là mêmes
qui auraient dû la soutenir... si l'on en croit leur déclaration de
principe, autrement dit et en clair : les sociaux-démocrates.
Et ce sera une chirurgie violente, pratiquée directement sur le
peuple insurgé. Pour en venir à la traduction, comme tu peux le
voir, il y avait ici deux versions presque semblables du même texte
en allemand et comme bien tu penses, j'ai pris la version originale
de Theobald Tiger, personnage que tu as souvent rencontré ici sous
le nom de Kurt Tucholsky et que tu as sans doute apprécié sous
celui de Peter Panter (Mademoiselle Ilse).
Musique de Hanns Eisler.
Interprétée par Ernst Busch
http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47212
Berlin 1918 Là pour la première fois En Prusse, la terre trembla. |
Oh, je te comprends bien. Si les versions sont presque semblables, il n'y a pas beaucoup de raison de les traduire toutes les deux... et tant qu'à faire, il vaut mieux en effet choisir la version originale.
Ce n'est pas que l’adaptation soit moins bonne, mais j'aime presque toujours mieux m'en tenir à l'originale... Peut-être par corporatisme... Que sais-je ? Cela dit et pour en venir à la chanson elle-même, Novembre 18, vu de Berlin huit ans plus tard, c'est assez bouleversant. D'où l'intérêt de faire paraître dans le site des CCG toutes les chansons de ce temps-là. Elles éclairent le nôtre. C'est le sens du titre : huit ans après, rien n'a fondamentalement changé... D'ailleurs, huit ans plus tard, ce sera pire encore.
Huit
ans plus tard ? Que veux-tu dire ? Moi, je ne m'y retrouve
plus dans tous ces huit ans, dit Lucien l'âne en piaffant sur place.
Alors,
il faut tout t'expliquer, dit Marco Valdo M.I. en riant. C'est bien
simple pourtant. Commençons à 1918... J'ajoute huit ans, je suis en
1926 ; là, c'est la république de Weimar. J'ajoute encore huit
ans, je suis en 1934... Je te rappelle qu'on est en Allemagne...
1934 , les nazis s'installent définitivement ; en 1933, on
aurait encore pu croire qu'ils ne resteraient que six mois, un an au
maximum... Continuons, huit ans plus tard, donc en 1942, les choses
empirent : les nazis adoptent la « solution finale »,
c'est-à-dire décident l'extermination industrielle de populations
entières sur une base ethnique : les Juifs, les Roms et de
pureté raciale : les handicapés, les homosexuels le tout
nourri du concept fumeux de sauvegarder la race aryenne ; sur le
plan militaire, les choses commencent à aller mieux... Le vent
tourne à l'Est... Huit ans plus tard, …
Oh,
Marco Valdo M.I. mon ami, arrête, je t'en prie, tu as déjà fait
cent histoires d'Allemagne... Et puis, nous avons à faire. Il nous
faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde
hanté par les fantômes du nazisme, poursuivi par son délire
d'accumulation, rongé par sa cupidité, malade d'ambition, souffleté
par l'indécence, suant de puissance, gonflé d'infantilisme et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
IL
Y A HUIT ANS
Texte original de Theobald Tiger (alias Peter Panter)
Alors, oui !
Là pour la première fois
En Prusse, la terre trembla.
Le dernier caporal l'a ressenti :
Air lourd ! C'est l'orage !
On a éteint la chaudière.
Bas les armes ! Et tout le monde au logis.
Et
alors…
Où étaient-ils quand même alors :
Les empereurs avec leurs grands colliers ?
Ils étaient assis tremblant dans leur tanière,
Avec des voitures et des toilettes pour dames.
Insectes muets : Kronprinz, officiers
Aucun n'était droit. Tous sont tombés.
Où étaient-ils quand même alors :
Les empereurs avec leurs grands colliers ?
Ils étaient assis tremblant dans leur tanière,
Avec des voitures et des toilettes pour dames.
Insectes muets : Kronprinz, officiers
Aucun n'était droit. Tous sont tombés.
Alors,
oui !
C'est si loin… aujourd'hui!
Ils sont toujours tous au pouvoir.
Criminels. Armée, gloire.
Tout a repoussé.
Vos gueules, Allemands ! Préparez ! Préparez !
La bouffe pour vingt monarchies.
C'est si loin… aujourd'hui!
Ils sont toujours tous au pouvoir.
Criminels. Armée, gloire.
Tout a repoussé.
Vos gueules, Allemands ! Préparez ! Préparez !
La bouffe pour vingt monarchies.
Alors,
oui !
Comment ont-ils baptisé ça ?
Révolution ? Ce n'en était pas.
Ils vous ont vendus et trahis
Vous pensez toujours que c'en fut une :
1918 ? Un nombre d'or.
Ce sera mieux la prochaine.
Encore. Encore.
Comment ont-ils baptisé ça ?
Révolution ? Ce n'en était pas.
Ils vous ont vendus et trahis
Vous pensez toujours que c'en fut une :
1918 ? Un nombre d'or.
Ce sera mieux la prochaine.
Encore. Encore.
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