GUEULES
NOIRES
Version
française – GUEULES NOIRES – Marco Valdo M.I. – 2014
En février 2009, le charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle est devenu un musée de la mine. Dans l'ancienne salle des machines, Charles Szymkowicz, fils de mineur, peint des gueules noires |
Après
la guerre de 1939-45, il y eut la « Bataille du charbon »,
on envoya les « gueules noires » sur le front de la
mine... On croyait que c'était la paix, mais c'était la
continuation de la Guerre de Cent Mille Ans. Les anciens et les
nouveaux riches repartaient à l'offensive... Ils en appelaient comme
d'ordinaire,à l'union sacrée, au sacrifice... Pour le progrès,
cette fois. La patrie avait mis un autre masque. Il s'agissait
d'aller au charbon... Quant à la fleur rouge dans la poitrine ou
dans le cœur, elle s'appelle silicose... Elle tue juste plus
lentement que le grisou, mais elle fait souffrir atrocement ;
comme les gaz, elle étouffe.
Il
y eut jusqu'à cent mille mineurs dans nos régions... Il n'y en a
plus... Les enfants, petits-enfants de ceux qui ont fait la richesse
sont chômeurs maintenant... Il y a d'ailleurs plus de chômeurs
qu'il y a jamais eu de mineurs.
D'un
côté, dit Lucien l'âne, un peu rêveur, c'est une bonne chose que
les mines ont été fermées. C'était l'enfer, on y transformait
l'homme en charbon... On partait à vingt ans ou même avant la fleur
au fusil, l'angoisse au cœur et malgré la détresse des matins, on
produisait de la richesse. On y laissait sa peau, dans le meilleur
des cas, seulement ses poumons... Il fallait fermer les mines, mais
ce n'était pas une raison pour jeter les gens... C'est là une des
multiples raisons pour lesquelles il nous faut reprendre jour après
jour, sempiternellement notre tâche et tisser le linceul de ce vieux
monde exploiteur, asphyxieur, étouffeur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Saints,
nous n'irons pas au paradis
Nous,
il nous faudra aller sous terre
Où
le noir est plus noir qu'une noire nuit
Dans
la mine, on est en enfer
On
est venus pour produire du charbon
En
train, on a passé la frontière
Ici
dessous, on a connu la misère
La
faim, la misère, la misère du fond
Ici
dessous, on a connu la misère
Il
n'y a jamais de soleil sous la terre
Il
n'y a pas de lune, il n'y a pas d'étoiles
Et
beaucoup d'entre nous y ont laissé leur peau
Il
n'y a pas de lune, il n'y a pas d'étoiles
Et
beaucoup d'entre nous y ont laissé leur peau
Mais
cette vie dans la mine n'est pas une vie
On
crache du sang et la fatigue est infinie
On
frappe et frappe dur là dans le fond
Car
pour le progrès, il faut plus de charbon
Mais
ce progrès ne nous plaît pas
Car
tout l'or va aux patrons et à nous, va la croix
Pour
nous, ce progrès est une chaîne
Nous
ne voulons plus payer cette peine
Gueules
noires, nous sommes émigrés
Damnés
sous la terre, exploités,
Une
fleur rouge fleurit dans notre cœur
Un
rêve qu'on appelle liberté
Une
fleur rouge fleurit dans notre cœur
Un
rêve qu'on appelle liberté
Et
unis côte à côte, on va lutter
Pour
le travail, le travail et la dignité
Dans
les mines, les champs, les ateliers
Naîtra
la future humanité
Des
mines, des champs, des ateliers
Naîtra
la future humanité
Saints,
nous n'irons pas au paradis
Nous,
il nous faudra aller sous terre
Où
le noir est plus noir qu'une noire nuit
Dans
la mine, on est en enfer
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