jeudi 26 septembre 2013

Le Sergent Flagada

Le Sergent Flagada (clap clap sound)
Chanson française – Grand Jojo – 1983
Auteurs compositeurs : Jean-Marie Troisfontaine - Burt Blanca - Vannick - Armath



Lucien l'âne mon ami, tu as sans doute comme moi et bien d'autres déjà pu constater que le rire est une arme terrible...


Bien sûr que je connais ça... C'est le résultat de l'acide comique quand on l'applique à une situation, une institution, un personnage... Le résultat est encore plus flagrant si on y ajoute une bonne dose d'acide ironique et bien évidemment, dans le cas de la chanson, il faut aussi y mettre une certaine quantité d'acide musique. Bref, les mots et les choses trempés dans ces acides ont un fort effet de dérision, assez indélébile au demeurant.


Lucien l'âne mon ami, tu me retires les mots de la bouche, en quelque sorte ; en clair, tu dis ce que je voulais te dire. Dès lors, nous sommes du même avis. Mais il me paraît utile, cependant, d'y ajouter la nécessité absolue d'un fort penchant à ce qu'on appelle le « second degré » et même quelquefois, au troisième, etc jusqu'au énième. Car, comme tu le sais, c'est d'une pratique commune et fréquente par chez nous que d’appliquer la matière forte de la pensée divergente aux lieux communs et aux propos plats.


Marco Valdo M.I., mon ami, je ne peux que confirmer tes propos. Faut dire qu'on campe en plein territoire surréaliste, celui qui recouvre grosso mode l'ancien comté de Hainaut - Comitatus Hanoniæ en latin, graafschap Henegouwen en néerlandais, Hennegau en allemand - lequel s'étendit du Brabant et du Namurois jusqu'aux limites de l'Artois et de la Picardie. Pays incroyablement comique et ironique où la Trouille conflue dans la Haine, en un lieu de terribles batailles.


Pays aussi où un journal appelait récemment à voter pour le chat Sugus, félin clairvoyant, avec le slogan décapant de « Avec nous, du mou pour tous ». Faut dire qu'il s'agissait du « Batia Mourt Soù », version hennuyère du « Bateau Ivre », œuvre du poète voisin de Charleville.




Mais en fait, où veux-tu en venir ? De quelle chanson peut-il bien s'agir pour être précédée de toutes ces circonvolutions langagières et circonlocutions circonspectes ?

Si j'ai pris pareils chemins de traverse, c'est que – vois-tu, Lucien l'âne mon ami – la chanson que je vais te faire voir et entendre est tout entière baignée dans ce mélange d'acide comique et ironique à prendre au ixième degré. Tu imagines bien cela puisqu'il s'agit d'une chanson du Grand Jojo, chanteur populaire que d'aucuns se plaisent à mépriser. Tu verras ici combien c'est absurde. Comme nous sommes dans les Chansons contre la Guerre, on ne peut certes insérer n'importe quoi et le minimum, c'est que la chanson ait un rapport avec l'objet du site. Par exemple, qu'elle applique au guerrier, au militaire, à la guerre et à tous ses acolytes, un traitement à l'acide comique, ironique, etc. Et c'est parfaitement le cas du Sergent Flagada, dont tu entendras la légende ci-après. On pourrait d'ailleurs rapprocher cette chanson d'une chanson de Fabrizio De André, celle où il ridiculise le grand Charles Martel, intitulée dans sa version française « Charles Martel revient de la bataille de Poitiers » [[1095]]. Évidemment, le sergent Flagada ne revient pas d'aussi loin dans le temps – il est notre contemporain, ni d'une aussi prestigieuse croisade, mais à sa façon, il rejoint cette inénarrable parodie de Müller et Reboux [[9143]], où le militaire ne jouait pas du clairon comme dans l'original de Déroulède, mais mangeait son drapeau. Rien que son nom déjà est toute une histoire. Je ne le dis pas pour toi, car je sais que tu sais, mais pour nos amis étrangers. Flagada veut dire : mou, mollasson, flapi, raplapla, vasouillard, fatigué, épuisé, sans force et par extension, fainéant, feignant, tire-au-flanc... Le reste est à l'avenant. Tu remarqueras également qu'il s'agit d'un Yankee, soldat parmi les plus envahisseurs de tous les temps.


Il faudrait peut-être, dit Lucien l'âne en se gondolant comme un toit de plastique en plein midi, il faudrait – toujours pour nos amis venus d'autres horizons – préciser ce qu'est une « médaille en chocolat », car c'est un objet désopilant s'agissant d'une médaille « al valor militare »... Surtout dans un pays où il fait chaud... (l'Irak, par exemple). Je te laisse deviner la tache qu'elle fera sur le costume quand Flagada défilera en plein soleil... Allons, foin de commentaires, reprenons notre tâche et tissons, en riant de grand cœur, le linceul de ce vieux monde militaresque, envahisseur, rodomontesque, matamoresque, honneur et patrie et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







( Pour le voir : www.youtube.com/watch?v=1iJqwxEHB40)



Jules Vanobbergen, né le 6 juillet 1936 à Bruxelles, est un chanteur mieux connu sous le pseudonyme Le Grand Jojo ou Lange Jojo chez les néerlandophones.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Jojo






Le sergent Flagada
Un Yankee, un soldat
Les muscles de ses bras
C'est comme du nougat



Oui mais à la trompette
C'était une vraie vedette
Une star de cinéma
Le sergent Flagada



C'est lui qui réveillait
Tous les matins
La garnison américaine
Tout le monde au pied du lit
En petit caleçon
Pour l'inspection du capitaine



Mais lui c'était un planqué
Un carottier
C'était le roi de la combine
Il jouait de la trompette
Car il ne savait pas tirer à la carabine



Le sergent Flagada
Un Yankee, un soldat
Les muscles de ses bras
C'est comme du nougat



Oui mais à la trompette
C'était une vraie vedette
Une star de cinéma
Le sergent Flagada



Mais un jour les Indiens
Ont attaqué
La garnison américaine
Tout le monde était allé
Au supermarché
Pour le shopping fin de semaine



Le sergent Flagada
Qui était là
Sonna l'alerte à la trompette
Ils ont tous rappliqué
À pied, à cheval, en pédalo
En trottinette



Le sergent Flagada
Pour avoir fait ça
A reçu de ses gars
Une médaille en chocolat



Le sergent Flagada
Pour avoir fait ça
A reçu de ses gars
Une médaille en chocolat




Le sergent Flagada
Pour avoir fait ça
A reçu de ses gars
Une médaille en chocolat 

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