Chanson française – Grand Jojo – 1983
Auteurs
compositeurs : Jean-Marie
Troisfontaine - Burt
Blanca - Vannick
- Armath
Lucien
l'âne mon ami, tu as sans doute comme moi et bien d'autres déjà pu
constater que le rire est une arme terrible...
Bien
sûr que je connais ça... C'est le résultat de l'acide comique
quand on l'applique à une situation, une institution, un
personnage... Le résultat est encore plus flagrant si on y ajoute
une bonne dose d'acide ironique et bien évidemment, dans le cas de
la chanson, il faut aussi y mettre une certaine quantité d'acide
musique. Bref, les mots et les choses trempés dans ces acides ont un
fort effet de dérision, assez indélébile au demeurant.
Lucien
l'âne mon ami, tu me retires les mots de la bouche, en quelque sorte
; en clair, tu dis ce que je voulais te dire. Dès lors, nous sommes
du même avis. Mais il me paraît utile, cependant, d'y ajouter la
nécessité absolue d'un fort penchant à ce qu'on appelle le «
second degré » et même quelquefois, au troisième, etc jusqu'au
énième. Car, comme tu le sais, c'est d'une pratique commune et
fréquente par chez nous que d’appliquer la matière forte de la
pensée divergente aux lieux communs et aux propos plats.
Marco
Valdo M.I., mon ami, je ne peux que confirmer tes propos. Faut dire
qu'on campe en plein territoire surréaliste, celui qui recouvre
grosso mode l'ancien comté de Hainaut - Comitatus Hanoniæ en latin,
graafschap Henegouwen en néerlandais, Hennegau en allemand - lequel
s'étendit du Brabant et du Namurois jusqu'aux limites de l'Artois et
de la Picardie. Pays incroyablement comique et ironique où la
Trouille conflue dans la Haine, en un lieu de terribles batailles.
Pays
aussi où un journal appelait récemment à voter pour le chat Sugus,
félin clairvoyant, avec le slogan décapant de « Avec nous, du mou
pour tous ». Faut dire qu'il s'agissait du « Batia Mourt Soù »,
version hennuyère du « Bateau Ivre », œuvre du poète voisin de
Charleville.
Mais
en fait, où veux-tu en venir ? De quelle chanson peut-il bien s'agir
pour être précédée de toutes ces circonvolutions langagières et
circonlocutions circonspectes ?
Si
j'ai pris pareils chemins de traverse, c'est que – vois-tu, Lucien
l'âne mon ami – la chanson que je vais te faire voir et entendre
est tout entière baignée dans ce mélange d'acide comique et
ironique à prendre au ixième degré. Tu imagines bien cela
puisqu'il s'agit d'une chanson du Grand Jojo, chanteur populaire que
d'aucuns se plaisent à mépriser. Tu verras ici combien c'est
absurde. Comme nous sommes dans les Chansons contre la Guerre, on ne
peut certes insérer n'importe quoi et le minimum, c'est que la
chanson ait un rapport avec l'objet du site. Par exemple, qu'elle
applique au guerrier, au militaire, à la guerre et à tous ses
acolytes, un traitement à l'acide comique, ironique, etc. Et c'est
parfaitement le cas du Sergent Flagada, dont tu entendras la légende
ci-après. On pourrait d'ailleurs rapprocher cette chanson d'une
chanson de Fabrizio De André, celle où il ridiculise le grand
Charles Martel, intitulée dans sa version française « Charles
Martel revient de la bataille de Poitiers » [[1095]]. Évidemment,
le sergent Flagada ne revient pas d'aussi loin dans le temps – il
est notre contemporain, ni d'une aussi prestigieuse croisade, mais à
sa façon, il rejoint cette inénarrable parodie de Müller et Reboux
[[9143]], où le militaire ne jouait pas du clairon comme dans
l'original de Déroulède, mais mangeait son drapeau. Rien que son
nom déjà est toute une histoire. Je ne le dis pas pour toi, car je
sais que tu sais, mais pour nos amis étrangers. Flagada veut dire :
mou, mollasson, flapi, raplapla, vasouillard, fatigué, épuisé,
sans force et par extension, fainéant, feignant, tire-au-flanc... Le
reste est à l'avenant. Tu remarqueras également qu'il s'agit d'un
Yankee, soldat parmi les plus envahisseurs de tous les temps.
Il
faudrait peut-être, dit Lucien l'âne en se gondolant comme un toit
de plastique en plein midi, il faudrait – toujours pour nos amis
venus d'autres horizons – préciser ce qu'est une « médaille en
chocolat », car c'est un objet désopilant s'agissant d'une médaille
« al valor militare »... Surtout dans un pays où il fait chaud...
(l'Irak, par exemple). Je te laisse deviner la tache qu'elle fera sur
le costume quand Flagada défilera en plein soleil... Allons, foin de
commentaires, reprenons notre tâche et tissons, en riant de grand
cœur, le linceul de ce vieux monde militaresque, envahisseur,
rodomontesque, matamoresque, honneur et patrie et cacochyme.
Heureusement
!
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
( Pour le voir : www.youtube.com/watch?v=1iJqwxEHB40)
Jules Vanobbergen, né le 6 juillet 1936 à Bruxelles, est un chanteur mieux connu sous le pseudonyme Le Grand Jojo ou Lange Jojo chez les néerlandophones.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Jojo
Le sergent Flagada
Un Yankee, un soldat
Les muscles de ses bras
C'est comme du nougat
Oui mais à la trompette
C'était une vraie vedette
Une star de cinéma
Le sergent Flagada
C'est lui qui réveillait
Tous les matins
La garnison américaine
Tout le monde au pied du lit
En petit caleçon
Pour l'inspection du capitaine
Mais lui c'était un planqué
Un carottier
C'était le roi de la combine
Il jouait de la trompette
Car il ne savait pas tirer à la carabine
Le sergent Flagada
Un Yankee, un soldat
Les muscles de ses bras
C'est comme du nougat
Oui mais à la trompette
C'était une vraie vedette
Une star de cinéma
Le sergent Flagada
Mais un jour les Indiens
Ont attaqué
La garnison américaine
Tout le monde était allé
Au supermarché
Pour le shopping fin de semaine
Le sergent Flagada
Qui était là
Sonna l'alerte à la trompette
Ils ont tous rappliqué
À pied, à cheval, en pédalo
En trottinette
Le sergent Flagada
Pour avoir fait ça
A reçu de ses gars
Une médaille en chocolat
Le sergent Flagada
Pour avoir fait ça
A reçu de ses gars
Une médaille en chocolat
Le sergent Flagada
Pour avoir fait ça
A reçu de ses gars
Une médaille en chocolat
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire