samedi 29 octobre 2022

La Légende

 


La Légende



Chanson française — La Légende — Marco Valdo M.I. — 2022



LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.




LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ;


Épisode 76






ALEXANDRE NEVSKI


Ivan Degtev — 2019





Dialogue Maïeutique



Tout le monde le sait, Lucien l’âne mon ami, ou tout le monde est censé le savoir, une légende est une légende.


Oui, c’est-à-dire, demande Lucien l’âne.


C’est-à-dire, répond Marco Valdo M.I., qu’elle est une pure invention qui entretient de lointains rapports déformés avec la réalité. En fait, elle s’empare un fragment de réel et elle l’accommode à sa façon. Autrement dit, c’est une histoire arrangée pour faire croire quelque chose qui n’est pas tout à fait, ni vraiment la vérité. C’est l’enfant bâtard de la propagande. En somme, la légende, c’est une vérité arrangée pour donner aux choses, aux événements, aux opinions des gens un sens qu’ils n’ont pas de façon à les rendre agréables et favorables à celui qui la raconte. Et la propagande étant ce qu’elle est, la ficelle est toujours grosse et s’emmêle dans le pompeux et le ridicule.


Soit, dit Lucien l’âne, comme disait la grand-mère : « la menterie, tant plus elle est grosse, tant plus elle ment ». Mais pourquoi la chanson s’intitule « La Légende » ?


Oh, dit Marco Valdo M.I., elle aurait pu prendre un autre titre. Par exemple, « Le Bouffon » ou « La Bouffonnerie » ; cependant, elle s’intitule « La Légende » en référence à celle d’Alexandre Nevski, dont le Guide — qui, entre parenthèses, s’identifie à lui — prétend qu’il fut le créateur de la Zinovie. Ce qui est bien possible, tout compte fait. Encore que le monde est le monde depuis que le monde est monde. Pour ramener les choses à leurs vraies dimensions, disons que ce « fondateur » — peu importe qui il est — n’a jamais rien été d’autre qu’un prédateur peu scrupuleux, un égo hypertrophié, paranoïaque, avide de pouvoir et de richesses prises sur le dos des gens du lieu et même, d’autres lieux au fur et à mesure qu’il les asservissait et que sa folie s’étendait.


Donc, son titre « la légende », dit Lucien l’âne, cible ce passage où il est question d’Alexandre Nevski, un passage qui me semble assez démystificateur.


« Le glorieux et vénéré saint héros Alexandre Nevski,

De la terre à la tête, mesurait un mètre quarante-huit.

C’était un grandiose génie stratégique.

Après sa fabuleuse et mythique victoire,

Les habitants unanimes le chassèrent du territoire. »


Démystificateur, il l’est certainement, répond Marco Valdo M.I., mais la vérité en Histoire est très souvent démystificatrice ; elle déshabille le personnage et le met à nu et la plupart du temps, le roi mis à nu n’est pas à son avantage et ceux qui croient à sa grandeur s’en trouvent tout marris. Il suffit de voir comment la propagande a traité au cinéma et en musique, cette affaire de la bataille de glace dans le film « Alexandre Nevski » de Serge Eisenstein, musique de Serge Prokofiev, grand succès de 1938. En l’occurrence, ici, au travers de cette commémoration de Nevski et des grandes fêtes patriotiques, c’est le Guide lui-même qui est l’objet des sarcasmes, c’est lui qui est visé.


C’est ce que j’avais compris, dit Lucien l’âne, et il le mérite — plutôt un million de fois qu’une. Que tout ceci ait été dit ici me réjouit grandement. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde légendaire, fabulateur, racontard, vantard et cacochyme



Heureusement !




Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Gigantesques silhouettes de tous les âges,

Grands et folkloriques personnages,

Écoutez, vous tous, ma chanson

De quand j’étais encore bon garçon.

Il fait bon d’être sultan,

On a des femmes tant et tant,

Mais il y a un inconvénient,

On ne peut boire le vin, c’est gênant.

Il est bien d’être pape,

On boit du vin, on se la tape,

Mais il y a un inconvénient,

On n’a pas de femmes, c’est embêtant.


En Zinovie, le Guide, historien averti,

Sait parfaitement cette vérité fortuite :

Le glorieux et vénéré saint héros Alexandre Nevski,

De la terre à la tête, mesurait un mètre quarante-huit.

C’était un grandiose génie stratégique.

Après sa fabuleuse et mythique victoire,

Les habitants unanimes le chassèrent du territoire.

Pour Nevski, avec orgueil, le Guide revendique

Cet autre sublime exploit historique :

L’effondrement soudain de la glace sous les pas

Des destriers des chevaliers teutoniques.

La légende crée un monde qui n’existe pas.


En Zinovie, générale est la folie

Engendrée par l’idéologie.

Avec cette manie de l’expansion,

Où va notre Zinovie, où va notre nation ?

Pas besoin d’être devin,

Pour savoir où mène ce chemin.

Le bouffon est un bavard tenace et sagace

Avec son amère face, il agace, grimace, menace.

Au royaume des bouffons,

La bouffonnerie est une terrible vocation,

C’est le grand œuvre du bouffon.

Le Guide sévère entretient sa domination.


« Bouffon, je suis. Bouffon, tu es.

Et lui et nous, bouffons, on est.

Bribes de pensées et d’allusions,

Tout est vanité et illusions.

Bouffons, sans hésitation,

Aux magnifiques fêtes patriotiques,

On danse la danse de la révolution.

La prétention du Guide est pathétique.

Quand parfois, le Guide tourne le dos,

Le monde entier le trouve rigolo.

La Zinovie des temps modernes

A le cœur et le moral en berne.





jeudi 27 octobre 2022

JE DÉFENDS L’ANARCHIE

 



JE DÉFENDS L’ANARCHIE


Version française — JE DÉFENDS L’ANARCHIE — Marco Valdo M.I. — 2020

d’après la version italienne de Gian-Piero Testa — DIFENDO L’ANARCHIA — 2013

d’une chanson grecque Yperaspízomai tin AnarhíaKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου1978




ANARCHIE

Athènes 2022





Certainement aussi stimulé par les traductions françaises de Marco Valdo M.I., je me suis mis à refaire les pages déjà consacrées par ce site à Katerina Gogou. En réalité, ces pages en contiennent pratiquement d’autres déjà faites, mais perdues dans les divers commentaires, pour diverses raisons ; ce sont des pages quelque peu " anarchiques ", en pleine correspondance avec l’auteure à laquelle elles sont dédiées. Imaginez celle-ci, sur un poème intitulé précisément : " Je défends l’anarchie " (qui, soit dit en passant, figure parmi les poèmes les plus célèbres de Katerina Gogou, véritable déclaration de vie et d’amour plutôt que d’engagement) ; toujours tiré de Τρία κλικ αριστερά (En toirs Clics), le recueil publié en 1978. Il était déjà là : inséré et traduit par Gian Piero Testa dans les commentaires d’un autre poème, Θα 'ρθεί καιρός — UN TEMPS VIENDRA (traduit en italien par Ottavia Mira), en 2013. Gian Piero Testa n’a manifestement pas ressenti le besoin de consacrer une page spéciale à ce poème, d’autant plus qu’il estimait (à juste titre) qu’il n’avait jamais été mis en musique ou accompagné de musique. En fait, il y a maintenant plusieurs vidéos sur le web où les vers de Katerina Gogou sont accompagnés de musique de divers auteurs ; mais là n’est pas non plus la question. Voici donc la page enfin consacrée à la défense de l’anarchie par Katerina Gogou, probablement dans les années 1970 et qui a vu le jour en 1978. [RV 10-9-2022]



Ne m’arrêtez pas. Je rêve.

Nous avons vécu courbés des siècles d’injustice,

Des siècles de solitude.

Maintenant, non. Ne m’arrêtez pas surtout.

Maintenant et ici et pour toujours et à jamais et partout.


Je rêve de liberté

Dans le monde entier,

De la belle individualité

Pour refaire

L’harmonie de l’univers…


La connaissance est une joie. Viens, on joue.

Ne faisons pas un brouillon des écoles.

Je rêve, car j’aime

De grands rêves dans le ciel tout là-bas,

Où les travailleurs maîtres de leur usine

Inondent le monde de chocolat.


Je rêve car je SAIS et je PEUX.

Les banques engendrent des “miséreux”.

Les prisons forment des “révoltés”.

La solitude engendre des inadaptés.


Le produit produit le “nécessaire”,

Tous les nationalismes.

Les armées, les frontières,

Et tous les égoïsmes.

La violence engendre la violence.

Ne me questionnez pas,

Ne m’arrêtez pas.


Il faut maintenant redonner vie

Au droit moral à l’action,

Faire de la vie une poésie.

Et remettre la vie sous tension.


Je tends les mains

À l’amour, à la solidarité,

À la liberté.

Du début et jusqu’à la fin

De ma vie,

Je défends l’ANARCHIE.


mercredi 26 octobre 2022

PÈRE

 

PÈRE



Version française — PÈRE — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne — PADRE — Riccardo Venturi — 2020

Chanson allemande en bas allemand (Kölsch) — VatterBAP — 1987

Album : Wolfgang Niedecken & Complizen, Schlagzeiten








DIEU LE PÈRE

Portrait anonyme du XVIIIᵉ siècle



Dialogue Maïeutique


Ah, te voilà toi, Lucien l’âne mon ami, toi avec qui je peux causer sans honte et sans garder d’arrière-pensée bien cloîtrée au fond de ma cervelle. J’ai toujours de la joie de te revoir.


Halte, Marco Valdo M.I. mon ami, que veut dire pareil exergue ? Qu’est-ce qui se cache derrière ce beau discours ?


En fait, Lucien l’âne mon ami, rien du tout. C’est juste une façon de causer, de commencer notre dialogue maïeutique et de créer un peu de suspense, car il y en a un, qui m’est venu avec retard, avec ce que Balzac appelait déjà « l’esprit d’escalier » — j’allais insérer la chanson sans commentaire et soudain, miracle, mais tu vas voir, c’est presque ça ; il y a une énigme dans cette chanson.


Ah, dit Lucien l’âne, tu m’en bouches un coin, tu m’intrigues. D’après ce que j’en sais, la chanson s’intitule Vatter, ce qui devrait vouloir dire Père et vu le tableau qui l’illustre, ce devrait être Dieu le Père. Évidemment, en soi, Dieu le Père est une énigme (et pas seulement lui, d’ailleurs dans cette famille) du simple fait que ni un âne comme moi, ni personne ne l’a jamais vu, ni entendu, ni perçu, mais je suppose que ce n’est pas de cette évidente viduité mystérieuse que tu parles.


Oui et non, Lucien l’âne mon ami, car en partie, quand même, cette néantise est au cœur de la chanson, mais l’essentiel de la chanson est ailleurs. Je m’explique. D’abord, de quoi s’agit-il ? D’une prière adressée au Père, dont en effet, on peut comprendre aisément qu’il s’agit de Dieu le Père. La seule question qui résume mon énigme est : qui lui adresse cette prière ? Est-ce un homme quelconque, Elkerlijk, un militant ou le chanteur ?


Oh, dit Lucien l’âne, ce qui est sûr, c’est que ce n’est ni toi, ni moi.


Alors qui ?, demande Marco Valdo M.I. ; eh bien, à mon sens, c’est et ce ne peut être qu’un fils, que le fils du père en question et donc, le Fils du Père, si tu vois de qui il s’agit.


Oh oui, dit Lucien l’âne, on raconte même que je l’ai porté sur mon dos lors de je ne sais plus quelle joyeuse entrée. Je ne m’en souviens plus trop, car vois-tu, avec le temps, tout va, tout s’en va et ma mémoire qui flanche avec tout le reste s’en est allée, par morceaux. Mais pour réponde à ta question, plus directement, il s’agit de Dieu Père et Fils, que c’est, le Fils qui interpelle son Père et lui inflige une cinglante critique.


Tu as raison, Lucien l’âne, c’est bien de ça qu’il est question et cette critique est pour le moins acide, destructrice, létale, en quelque sorte mortellement définitive. C’est le meurtre du Père. Le Fils renie le Père :


« Un père qui autorise Auschwitz, sans aucun doute,

Ne mérite pas qu’un enfant l’écoute. »


Voilà, conclut Lucien l’âne, tout est dit et on ne va pas épiloguer. Cela dit, tissons le linceul de ce vieux monde bigot, croyant, crédule, religieux, vertueux et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Père, qui le jour, Père, qui la nuit

Surveillez l’eau, la terre et l’air,

Apprenez aux moineaux à quitter le nid,

Envoyez des nuages là où tout est désert.

Père de la souffrance, Père de la faim,

Toujours vous arrivez après la fin.

Père, Père !


Père du noir, père du blanc,

Êtes-vous au courant de tout ?

L’Afrique du Sud est loin de tout ? Que dites-vous ?

Votre pape va s’en occuper ? À son patron, il ment !

Père, je dis vrai, il faut nous entendre

Et votre parti chrétien, venez le reprendre,

Père, père !


Père des juntes et des tortionnaires, regardez :

Les tueurs prêtent serment à vos dictatures militaires,

Aux étendards brodés : « Dieu est à nos côtés »,

Père, êtes-vous calcifié à ne plus voir clair ?

Un père qui autorise Auschwitz, sans aucun doute,

Ne mérite pas qu’un enfant l’écoute.

Père, hé, père !